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Allegro Studio, New York City, USA, 30 novembre 1972
Barry Altschul (batterie, percussions, marimba), Anthony Braxton (saxophones soprano et alto, flûte), Dave Holland (contrebasse), Sam Rivers (saxophones soprano et ténor, flûte)
Pour comprendre la portée de ce disque, il faut en reconsidérer la genèse. Chick Corea et Dave Holland firent appel au batteur Barry Altschul pour tenter de s'extirper du trip dans lequel Miles Davis allait entraîner une bonne moitié de la scène jazz et auquel ils prirent part eux aussi. En s'octroyant les services de l'immense Anthony Braxton, ils allaient fonder le groupe éphémère Circle qui, retrospectivement, en dehors de ses airs de parenthèse salutaire, allait apporter de l'eau au moulin de tout ceux qui voulaient encore voir et croire le free jazz comme seule suite logique aux évènements. Débarrassé du pianiste qui s'en ira lui aussi bien assez tôt faire sa part de concession au système (l'épisode Return to Forever), Holland stabilise autour de lui la même équipe pour son premier album en tant que leader. Avec six compositions sous le bras, il est le pilier fondateur de cette rencontre explosive entre deux géants du saxophone : Braxton bien sûr, mais aussi Sam Rivers, que l'on oublie trop souvent (un allié de poids lors des sessions historiques de Bobby Hutcherson, Andrew Hill, Tony Williams, Larry Young, Cecil Taylor...). Le temps est à l'impétuosité et à la fougue. Le style des deux saxophonistes (qu'ils troquent volontiers pour la flûte, comme sur la plage titre ou l'inquiétant "Q&A") s'oppose avec grande efficacité, donnant deux perspectives, deux visions d'un même point de vue, l'un méthodique et cérébral, l'autre généreux et passionné. Les thèmes explorés reposent sur des bases mélodiques inaltérables ("Four Winds" ou la superbe plage titre), et propulsent le free jazz vers sa pleine maturité ("Interception"), une certaine forme de respectabilité, troquant son habit pour ce que l'on aura vite fait de cataloguer plutôt d'avant-garde et qui se répercute encore aujourd'hui dans les essais libres des jazzmen contemporains. Un disque d'une maîtrise totale, en avance sur son époque, au champ d'exploration aussi vaste qu'insondable. Sombre et étincellant à la fois.
note Publiée le jeudi 6 février 2003
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Vu les lascars sur l'album, je viens juste de me rendre compte que j'écoute le LP à LA MAUVAISE VITESSE depuis UNE PUTAIN DE SEMAINE. L'album est en réalité très surprenant, bien plus... calme qu'une telle association de malfaiteur pouvait laisser supposer.