Octinomos › On the demiurge

Tout a un petit son, sec et lointain… des guitares qui riffent en triple croches sans s’arrêter, à la voix qui s’égosille au fond des chiottes, en passant par la boîte à rythmes qui semble atteinte de monoprogrammation aigue… commence bien non ? Malheureusement, il est difficile de faire abstraction du son ici. Il ne s’agit pas de la saleté true black dans laquelle sait se loger malsain et glauque. Non. Ici, il s’agit de microson caractérisé. Ceci mis à part, que vaut «On the demiurge» ? Le premier album de ce one man band undergroundissime ? Le black metal de F. Soderlund est assez étrange, il s’agit d’une sorte de brutal black atmosphérique. Brutal car extrêmement rapide et furieux et, n’était ce son, il serait à mettre aux côtés de Marduk. Mais aussi atmosphérique en ce sens que le traitement des effets de guitares, ainsi que le penchant pour la mélodie lors de l’élaboration des riffs, le support discret et brumeux des claviers, drapent le tout d’une dimension atmosphérique certaine. Les mélodies sont plutôt agréables, assez démoniaques et la vitesse de guitares montent parfois à la tête, les structures acceptables réservent parfois de bonnes surprises : enchaînement bien trouvé, rupture de rythme à bon escient. Tout cela allant tout de même principalement très très très vite, et F. Soderlund a dû perdre sa gorge à la fin des sessions. Mais il y a ce son, qui empêche réellement de prendre la mesure de cette musique qui n’est vraiment pas si mal. Après une intro toute de claviers veloutés, l’arrivée des ignobles guitares de «Into the shadows» ferait éteindre le disque si il n’y avait cette voix, plus loin encore, comme au fin fond des bois, qui hurle à l’horreur et redonne un sens nouveau à ces guitares qui vous vrillent les méninges comme des micro scies sauteuses. Cette intro et les autres moments symphoniques, telle l’instrumentale «Beyond salvation», s’ils sont sympathiques, n’ont rien d’exceptionnels. Reste un black étrange, bien furieux et nuisible, mais aussi bien mélodique, quelquepart entre Marduk et Immortal, mais sans aucun son. L’album est par ailleurs assez linéaire. En ce qui me concerne toutefois, je lui trouve un charme assez unique, entre sauvagerie, violence, agression sonore et ambiance mélodique, malgré de gros défauts, dont certains par ailleurs, à force de mauvaise foi, peuvent devenir attachants.