Lake Of Tears › Headstones

Après celle acceptable de «Greater art», Lake of tears commence sa livraison de pochettes épouvantables avec ce singulier «Headstones». Il s’agit bien du même groupe que l’on a découvert plus d'un an plus tôt…oui, mais nous sommes plus d'un an plus tard. Le groupe a largement ouvert son son, grossi celui des guitares, augmenté le rôle des claviers, ainsi que celui des guitares claires aux divers effets, et qui annoncent déjà le penchant 70’s qui sévira plus intensément sur «Crimson… ». Ca commence plutôt mal. «A foreign road» est une ressucée pure et simple du premier album, reprenant pour la n-ième fois ce principe mélodique de riff de «under the crescent» et «Eyes of the sky», entre autres… Tout cela est d’un rythme un peu enlevé mais le reste est pesant… bref : bof bof bof. Puis, peu à peu, l’album va se révéler. Toujours doom mais de plus en plus heavy, Lake of tears marche sur de bien curieux sentiers qui vont du métal symphonique gothique aux ballades acoustiques émouvantes, en passant par du heavy rock douteux («Burn fire burn» est vraiment pas bonne… ). «Raven land» tout d’abord, ballade doom hautement mélodique et larmoyante dans la lignée des pièces les plus sophistiquées de l’album précédent, mais avec un travail sonore plus convaincant. Mais dès ce morceau on sent qu’il va falloir encore faire preuve de curiosité et d’ouverture. il va falloir encore accepter cette coexistence bizarre qui est le propre de cette musique : une sorte de gaucherie un peu brutale et primitive, encore incarnée par le chant de Brennare, Hetfield des cavernes, et par les tournures doom lourdes des rythmiques de nombreux riffs. Mais on rencontre ici de bien attachants morceaux : «Dreamdemons», atmosphérique et profond, bien rythmé, et qui, n’était-ce évidemment la voix et quelques aspects du son, n’évoquerai rien d’autre que du gothique métal à la Saviour machine première période : harmonies grandiloquentes, nappes enveloppantes et mélodies à la hauteur, le tout augmentée d’une guitare lead propre et sonore. Le très étonnant «Twilight», aux mélodies mélancoliques de tubes 80’s (avec guitares claires et solo de synthé qui suit ! !), l’acoustique «Headstones» à l’entrée campagnarde de clocher de village et dont la délicieuse arpège d’intro se voit soudain abrutie par la voix de bourrin de Brennare. Oui, il faut faire avec… il faut même essayer d’y trouver l’originalité et la légitimité de Lake of Tears. Sur des morceaux soignés et inspirés, à la recherche mélodique et sonore réussie, entre métal et rock, doom et heavy, la personnalité du leader Brennare est aussi faite de primaire. Il continue de chanter comme un bûcheron qui boude et on sent dans la facture de certains arrangements ou rythmiques cette brutalité involontaire, cette gaucherie pataude. Le mélange rebute, ou il est l’occasion de trouver une sincérité profonde et éclatante sur une musique décidément différente. J’opte pour la deuxième solution. Entre le doom «Greater art» et le psyché rock «Crimson…», «Headstones» est finalement moins laid que sa pochette et démontre que, à chaque stade de son évolution, Lake of Tears a su s’arrêter pour livrer un témoignage intéressant de son parcours.