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Enregistrement novembre 1987. Prise de son : Jean-François Pontefract. Direction de l’enregistrement : Michel Bernard.
Ingrid Schmithüsen (Soprano) ; Charles Brett (Alto) ; Howard Crook (Ténor) ; Peter Kooy (Basse) ; Chœur et Orchestre de La Chapelle Royale ; Philippe Herreweghe (Direction)
Comme le précise la chronique, les enregistrements de Herreweghe des cantates de bach sont pour moi une des plus grandes références. Il y a les intégrales bien sûr : de Leonhard/Harnoncourt (Archiv, moui...), de Ton Koopman (Erato, moui... aussi)… dont les plus éminentes aujourd'hui sont, pour moi, John Eliott Gardiner dans l'édition de son pèlerinage (SDG), et Suzuki (Bis). Mention spéciale ici à Ingrid Schmithüsen et surtout à Charles Brett et à sa voix de cristal.
Il est appelé «le père de la musique occidentale». Au nombre impressionnant de partitions qu’il a laissées, on a dû se rendre à l’évidence que Johann Sebastian Bach n’avait pas vraiment le temps de travailler, et qu’il écrivait simplement et directement la musique qu’il avait en tête. Malgré cette écriture automatique, il ne produisit que du parfait, de l’exceptionnel, du fondateur. Du «Clavier bien tempéré» aux «Variations Goldberg» en passant par «L’art de la fugue», les Passions, ses 190 cantates ou ses sonates et partitas pour violon seul, il a écrit la grammaire de la musique. Ce génie absolu de la mélodie, et ainsi de l’art contrapuntique, a naturellement légué des thèmes et conçu des lignes à la mélancolie et à la tristesse douce et sublime. Comme il n’est pas toujours facile de trouver un enregistrement d’oeuvres du maître qui ferait la part belle à cet aspect seul des beautés qu’il a pu écrire, et que l’art baroque est souvent traversé d’ornements virtuoses et d’élans optimistes, ce recueil de deux cantates sacrées dédiées à la mort par Philippe Herreweghe est une véritable aubaine, et pas seulement parce-que ce dernier s’y montre encore une fois un des plus grands interprètes de ces fameuses "cantates de Bach". Affectée, lente et précieuse, la musique qui s’écoule tout au long de ces arias, Chœur et recitativos est d’une délicatesse mélodique extraordinaire. Peu d’instruments accompagnent, en même temps, ces lignes de voix solistes, dont les exigences et détours techniques ne sont là que pour mieux exprimer la lamentation, l’affliction… allant chercher tout au cœur de la mélodie et de ses circonvolutions le déséquilibre de la douleur et de la peine. Le luth, les violons, les flûtes, un cor, un basson, violes et violoncelles... Bach met en place une assise rythmique et harmonique d’un continuo pondéré et installe, tout autour de la voix, diverses lignes volatiles et subtiles, variant ses instruments, jouant comme une dentelle autour des chants divins, insinuant des vols de hautbois et des étoiles de luth en parure de ses choeurs. Il ne s’agit certes pas de s’épancher lourdement, de se plaindre ou de hurler de désespoir, mais de se lamenter dans le sens religieux du terme. Les atmosphères sont feutrées et douces, les saillies mélodiques passent silencieusement comme des lueurs… et la louange de Dieu est omniprésente. Mais en contrepoint de quelques pièces plus réjouissantes, Bach a le sens de la gravité, du solennel et du douloureux. «L’ode à la mort» qui ouvre ce programme est aussi méditative que sensible, aussi intellectuelle et raisonnée qu’émouvante. Dans ces partitions à la maîtrise inégalée le son et ses harmonies fabriquent un espace à la fois pur et d’une merveilleuse pluralité. Chaque trait de violoncelle est à sa place, étirant sous le chant la rumeur plus austère et lancinante, chaque mélodie de flûte suffit à ouvrir les promesses les plus belles, chaque arpège et dentelle de luth est ici pour parfaire l’atmosphère nocturne et intimiste des arias les plus doux. Deux cantates, deux chefs-d’œuvre, parmi les 1500 du Maître.
note Publiée le vendredi 29 novembre 2002
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