Circle › Prospekt

Avec "Prospekt", notre prolifique groupe finlandais se décide à passer à la vitesse supérieure, et nous livre un album tendu, arc-bouté, allumé au possible, speed, ampli d'urgence jusqu'à la möelle. Si les détours éclectiques de leurs précédents opus valaient largement la peine d'être explorés, ici Circle prend le parti pris de submerger l'auditeur dans une vague de décibels qui emporte tout sur son passage. Après "Dedofiktion" qui réintroduit le chant extatique, possédé et orgiaque d'un possible gourou, fruit du croisement étrange entre Nusrat Fateh Ali Khan et Peter Hammill parlant le kobaïen, le groupe nous martèle avec deux plages de deux fois sept minutes, "Gericht" et "Stimulance", qui maintiennent le rythme enlevé surlequel avait démarré l'album après l'avoir, au préalable, quelque peu accéléré. Orgue, guitares, violons viennent s'entrelacer dans ce tourbillon tumultueux ainsi produit pour nous aspirer vers l'épicentre de cet ouragan que rien ne semble arrêter. La deuxième partie de "Prospekt" semble vouloir quelque peu calmer le jeu avec, tout d'abord "Varhain" sur un tempo plus apaisé et joué à la guitare acoustique, mais là encore, le titre s'emballe avant de se conclure. Les deux longues plages de près de onze minutes qui referment ce nouveau chapitre de Circle, "Aarre" et le tripant "Eripwre", adoptent le profil des constructions élastiques et hypnotiques de leurs premiers efforts, de manière toujours aussi délurée, sans pour autant avoir recours aux bidouillages électroniques d'autrefois, le groupe estimant sans doute, à raison, qu'ils font déjà assez de boucan comme ça. "Prospekt" est un album prenant, incisif, bouillonnant. Et plus important que tout : organique. Définitivement le genre de truc à rendre dingue tout amateur de répétitions à vous faire péter une durite.