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Skinny Puppy › Last rights

cd • 10 titres • 53:02 min

  • 1Love In Vein
  • 2Killing Game
  • 3Knowhere ?
  • 4Mirror Saw
  • 5Inquisition
  • 6Scrapyard
  • 7Riverz End
  • 8Lust Chance
  • 9Circustance
  • 10Download

informations

Produit par David Ogilvie et cEvin Key

line up

cEvin Key (programmation, percussions), Nivek Ogre (chant), Dwayne Goettel (claviers)

chronique

De tous les Skinny Puppy, Last Rights est à mon goût le plus cruellement beau, le plus trouble, le plus dense - et le plus dégénéré, une courte tête devant Too Dark Park. Une véritable symphonie psychotique aux multiples détails, pleine de gémissements et de clignotements hallucinés, une civilisation de petites créatures grouillant de partout, comme la pochette. Plus loin que Rabies, plus loin que tout, le cybernétique et l’organique à leur stade final de mutation. Difficile d’en parler si on l’a vraiment écouté et apprivoisé, tellement les enchevêtrements impossibles de ces embryons de tubes gangrénés par la folie empêchent toute analyse (d’ailleurs pourquoi faire ?) ou retranscription fidèle par les mots. Mais je peux essayer... Les rares moments "en clair" nous laissent entrevoir un peu de tout ce que la bande à Nivek a su produire à sa façon au cours des années précédentes : indus, dark electro, EBM, morceaux d'ambient, et des labyrinthes de samples enchevêtrés (les samples chez Skinny Puppy, c'est de la haute couture)… Le reste est en crypté. Sur la première partie, on peut encore se laisser bercer par des mélodies viciées, par la beauté vénéneuse de "Killing Game", par exemple (un "requiem pour enfant-tueur", tout à fait, je n’aurais pas mieux dit), croire un instant que la suite sera plus apaisée. A tort. Dans sa deuxième moitié, les voies intraveineuses laissent cascader les substances plein tube, l’album vrille dans le martelage et les rythmiques sévères, puis se surcharge en dope jusqu'à la NDE "Download", s'enfonçant profondément et progressivement dans un trip à base de combinaisons de molécules complexes et de longues plages hallucinogènes. Un trip dont on ne revient pas indemne. L’esprit et la matière se fondent l’un dans l’autre, les synapses deviennent vapeurs, les nerfs serpentent en-dehors de la carcasse et viennent se greffer sur les blocs de béton comme de la vigne sauvage. La voix tente de survivre là-dedans, bien sûr elle gueule, couine, tandis que les résidus de new wave et de dance, les ossements de Bites & remission et de l'ancienne guerre, eux, essaient parfois de reprendre le dessus, d'émerger de la lave, des fumées toxiques - mais l'altération des sens impose son diktat, tout comme ses sons qui fusent de partout et parasitent une réalité déjà pas très nette. Les multiples couches de samples en millefeuilles s’ingénient à ensevelir tout ça, ne nous laissant que des impressions, des doutes, des éclairs très brefs et flippants, de réalité, de limpidité, au milieu de cette grande fresque psychotrope. L’alien est cambré, agenouillé dans son cockpit-camisole, il beugle des trucs, au fur et à mesure que le liquide ronge ses rotules (les aliens ont-ils des rotules ? Il y’a matière à débat), son sourire s’élargit, se fend comme une jupe jusqu’aux oreilles, on perçoit même un vague ricanement, des confettis de robot pleuvent autour, des nappes de synthé s’en acoquinent, les aiguilles en viennent à faire des sauts de puce sur le tableau de bord ; diantre, mais quel spectacle madame ! Du grand Hollywood ! Question rythmes et spotlights, des lambeaux de funk et de disco gémissant dans leur matière molle viennent se frotter aux restes humains qui subsistent dans la zone sinistrée, comme des haillons de tissus synthétiques sur un squelette de viande. Ou l’inverse. Des écrans de télévision miniatures qui tapissent les poumons, tout ce que les retombées nucléaires ont laissé fleurir dans cette cave à ciel ouvert, tout le joli peuple de psychose se meurt et se régénère constamment, jusqu’au souffle final… Par-ici une mélodie inachevée, comme autant de peintures inachevées se diluant dans leur atmosphère souterraine. Par-là un étang de plasma, des milliers de petites bestioles toutes plus étranges les unes que les autres, qui viennent papillonner autour, grignoter les peaux mortes éparpillées sur les dalles du temple… Plus loin, une aquarelle géante de William Blake saccagée par la meute de junkies que tu avais oublié de nourrir. Dans le monde de Skinny Puppy, les anémones fleurissent dans des flaques d’acide.

note       Publiée le mardi 9 septembre 2008

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Note moyenne        35 votes

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Comte Zéro Envoyez un message privé àComte Zéro

‘reviens à mes classiques

Coste Envoyez un message privé àCoste

Ma porte d'entrée pour les Puppies et aucune sortie possible en ce qui me concerne, même après toutes ces années...

Ce disque est Possédé. Download = Apothéose Totale

Note donnée au disque :       
enslaver_666 Envoyez un message privé àenslaver_666

"Last Rights", ou la trame sonore d'un cirque des horreurs. Le début des '90 a été une période riche pour le trio pour ce qui est des expérimentations, exécutées notamment dans ces fameuses sessions d'improvisation faites sous l'effet de substances. L'album a probablement été développé dans ce contexte. Pour plusieurs, "Last Rights" est l'accomplissement ultime de Skinny Puppy, le pic d'une redoutable suite d'albums. Plusieurs facettes de la musique du groupe sont poussées à l'extrême si bien que nous avons ici le plus désorganisé, le plus chaotique, le plus délirant et imprévisible de la discographie. "Last Rights" ne veut pas de nous dans les parages. Il fera même tout pour nous faire fuir alors il faut persévérer. Des sons et des bruits arrivent de partout, les samples se pointent comme des intrus qui se moulent à la musique, les percussions fortes. On peut parfois entendre des mélodies derrière ces murs mais il faut être attentif car ça passe vite. Un album très centré sur l'instrumental donc Ogre est un peu plus relayé dans l'ombre. "Love in Vein", "Killing Game" (toutes les deux bourrée d'énergie meurtrière) et "Inquisition" sont clairement les plus "accessibles" de l'album, en plus d'être des merveilles dans le répertoire de SP. Sans conteste le plus difficile à digérer et un album qui se prend mieux quand on sent que le contexte est bon.

Note donnée au disque :       
NevrOp4th Envoyez un message privé àNevrOp4th

D'accord je comprends mieux.

ericbaisons Envoyez un message privé àericbaisons

bon pour info ils sont réglos chez digitick aussi (et Dside aussi, ils ont enfin communiqué fin juillet sur leur site). Je reprendrai bien un mini concert de SK gratos

Note donnée au disque :