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Maurice Duruflé (1902-1986) › Requiem

  • 1986 • Erato 2292-45230-2 • 1 CD

13 titres - 46:34 min

  • Requiem op.9
  • 1/ Introït (chœur) 3.40
  • 2/ Kyrie (chœur) 4.08
  • 3/ Domine jesu (baryton, chœur) 8.09
  • 4/ Sanctus (chœur) 3.03
  • 5/ Pie jesu (mezzo-soprano) 3.29
  • 6/ Agnus dei (chœur) 4.18
  • 7/ Lux aeterna (chœur) 4.10
  • 8/ Libera me (baryton, chœur) 4.10
  • 9/ In paradisum (chœur) 3.13
  • Quatre motets sur des thèmes grégoriens
  • 10/ Ubi caristas et amor 2.01
  • 11/ Tota Pulchra es 1.55
  • 12/ Tu es petrus 0.49
  • 13/ Tantum ego 2.12

informations

Michel Garcin : direction artistique de l’enregistrement. Ingénieurs du son : Yolanta Skura et Jean Chatauret. Enregistré en concert en novembre 1984 janvier 85 à l’Eglise de la Trinité et à l’Eglise Notre Dame du Liban à Paris.

La version référencée ici est celle de Michel Corboz de 1986… dans une partition aussi riche d’émotion, Corboz est une fois de plus parfaitement à sa place. Je conseille aussi et très largement la version de Michel Piquemal (Naxos), qui est non seulement excellente mais présente ele aussi le même complément : à savoir les 4 motets A-Capella sur des thèmes grégoriens qui sont de purs merveilles. Naxos étant un label économique, je le recommande en priorité et c’est donc cette pochette que nous présentons.

line up

Tereza berganza (mezzo-soprano) ; José Van-Dam (Baryton ) ; Phillipe Corboz (Orgue) ; Ensemble vocal Audite Nova de Paris (direction Jean Sourisse) ; Choeur et orchestre Colonne; Michel Corboz (Direction)

chronique

  • musique sacrée-xxième siècle

Souvent mis en parallèle avec celui de Fauré, le Requiem de Maurice Duruflé cherche de fait, comme son illustre prédécesseur, à ne pas évoquer l’effroi ou l’horreur, mais plutôt l’apaisement, la compassion et l’espoir, rompant ainsi avec la tradition romantique qui depuis Mozart alignait les œuvres noires et puissantes. Lente, profonde, plus ample et sonore que le requiem de Fauré, cette messe des morts est vraiment ce qu’il convient d’appeler une œuvre à la fois très puissante, et littéralement céleste. L’espace, tout d’abord, y est extrêmement vaste, large, clair, tout l’orchestre est mobilisé ; les cordes tissent le champ d’expression, le reste est là pour le parsemer qui de fleurs, qui de cours d’eau… jusqu’à ce que les cuivres ne le transpercent. Les chœurs féminins, mystiques et éthérés, tiennent véritablement des voix d’anges, et les cordes en soutenance ont l’épaisseur souple des nuages et du vent… les hautbois passent comme des oies sauvages. Contrairement à son compatriote Tomasi qui présente lui aussi une partition qui allie cuivres cinglants et harmonies divines, mais de manière très «sectorisée», Duruflé compose une musique extrêmement fluide, comme une longue symphonie d’un seul mouvement, accessible ; les soulèvements sont énormes, mais ils se sont annoncés, à travers la tension positive des chœurs jusqu’au moment crucial, par la tournure mélodique plus épique que prend peu à peu la pièce. Par l’«Introït» et le «Kyrie», le compositeur cherche la compassion, l’émotion qui gonfle et ouvre l’âme à la suite. Le chœur est doux, posé et grave. La mélodie est lente, mais dynamique et tournée vers l’avant, elle est aussi triste et affectée, et tout cela posé sur un lit de cordes soyeuses. Puis peu à peu s’instaurent les détails, car si cette pièce magnifique est entièrement soutenue, basée sur le mouvement, l’amplitude des vagues harmoniques de l’orchestre qui vont et viennent, gonflent, tremblent ou explosent, elle est aussi largement travaillée par des moments plus musicaux que plastiques, soli vocaux, mélodies lead de hautbois, violon, harpe, et par des arrangements précis et denses, qui distillent sur toute la partition une richesse sonore envoûtante et miraculeuse. La montée du «Kyrie» et son entrée de cuivres prend à la gorge… la subtile et inoubliable mélodie des cors du «Domine Jesu», chantée sur de sombres violoncelles, et sous laquelle finit par s’élever la brume chorale, de plus en plus lumineuse jusqu’à la plus belle et jouissive tempête orchestrale qu’il m’ai été donné d’entendre : cuivres conquérants, violons en bourrasque et mélodie magnifique. Puis viendra la complainte du baryton sur grondement de violons sombres. La jouissance que procure cette musique vient de sa richesse, de sa maîtrise époustouflante des variations et des contrastes, par cette alliance de science plastique propre au XXième siècle et d’amour de la musique et de la mélodie, du travail sur l’ampleur harmonique, qui font de ce requiem une œuvre à l’impact émotionnel extraordinaire. La luminosité astrale du «Sanctus» et son bouquet final, le bouleversant «Agnus Dei» et sa douceur recueillie : le talent mélodique de Duruflé est immense et ici, son inspiration ne connaît pas une seconde de faiblesse. Un long voyage sur le vent, avec ses hauteurs et ses calmes, mais toujours en plein milieu du ciel, et toujours respecté et conforté par la lenteur rythmique : tout étant basé sur la gestion de la densité sonore et de la progression harmonique, les allées et venues des émotions. Ca n’est pas si triste, non… mais on y pleure souvent.

note       Publiée le dimanche 27 octobre 2002

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    Le Gnomonique Envoyez un message privé àLe Gnomonique

    Duruflé, comme Dukas, fut de ces compositeurs humbles et discrets qui composèrent peu mais ne laissèrent que des œuvres essentielles. Ce Requiem en est la preuve. Sa musique pour orgue est également fabuleuse.

    Cathedrale Envoyez un message privé àCathedrale

    Disque envoûtant, majestueux, mes enceintes pleurent.

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    Hymnos Envoyez un message privé àHymnos
    Un musicien trop méconnu…
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    Arno Envoyez un message privé àArno
    Je viens d'entendre ça en vrai... mais mon Dieu, c'est beau... Et 2 explosions...
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    Hymnos Envoyez un message privé àHymnos
    Dans mes bras sheer-khan. Il était temps que l’on parle enfin de ce géant qu’est Duruflé !%%% Dans ma discographie classique il y a 3/4 musiciens dont je ne me séparerais jamais : Duruflé en fait partie.%%% Inconnu, c’est pourtant un des plus grands musiciens du XX ! Ses seuls 12 opus (l’œuvre n’est pas abondante) sont presque tous des chefs-d'œuvre et ce Requiem en est la preuve ! Sublime ! %%% Duruflé est un mini Bach dans le sens ou sa musique transpire la foi lumineuse en évitant toute forme de naïveté et que, comme le géant allemand, c’était un organiste fabuleux (il était le maître d’orgue de Saint-Étienne du Mont à Paris, lieu rare où même la pierre apparait joyeuse !). Une musique et un homme exemplaire.%%% J’ai cette version par ERATO et elle est effectivement magnifique !
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