Vous êtes ici › Les groupes / artistes › M › My Ruin › A Prayer Under Pressure of Violent Anguish
My Ruin › A Prayer Under Pressure of Violent Anguish
- 2000 • Snapper music SPT 15129-2 • 1 CD
cd • 14 titres • 46:21 min
- 1Morning Prayer
- 2Beauty Fiend
- 3Stick it to Me
- 4Heartsick
- 5Rockstar
- 6Sanctuary
- 7Miss Ann Thrope
- 8Hemorrhage
- 9Letter to the Editor
- 10Let it Rain
- 11Post Noise Revelation
- 12Do You Love Me [reprise de Nick Cave and The Bad Seeds]
- 13Evening Prayer
- 14My War [reprise de Black Flag]
informations
line up
Tairrie B. (chant), Mick Murphy (guitare, voix), Meghan Mattox (basse), Yael (batterie)
chronique
On aurait tort de voir en Theresa Beth une pure opportuniste, d'abord chanteuse synth-pop dans les années 80, puis Madonna du golden age hip-hop, elle qui débarqua dans le sillage d'Eazy-E au début des nineties. "La première rappeuse blanche à obtenir un contrat en maison de disque" comme dirent les journaux, eut au début des années 90 l'audace de se confronter aux MC's de Compton - dont ce gros tocard de Dr. Dre, qu'elle envoya chier sans préavis quand il tenta de la contrôler pour la création son premier album, et qu'elle clasha ensuite comme il se doit... puis avec qui les choses se conclurent par une véritable baston. Faut pas lui chier dans les bottes, à la Theresa Beth ! Mais elle n'a pas que du cran : elle a du talent. C'est ce qu'elle compte prouver après sa traversée du désert perso (sa carrière naissante fut sabotée comme on s'en doute), en formant Manhole/Tura Satana, et puis juste à leur suite My Ruin. Tairrie revient donc en cet an 2000 non-évènement, toujours déclassée, mais bien rôdée par le rap et le rap-rock, et décidée à réinvestir le ter-ter à grosses guitares à l'époque du tout-puissant nu-metal. Elle a trente-cinq ans, a depuis longtemps laissé tombé les lunettes sexy-chic d'une Power of a(n executive) Woman, et troqué le motif léopard contre un débardeur et un look goth-pim-pam-pouf, à l'heure où sort ce second album. C'est peut-être sa dernière chance... Elle croise donc les doigts pour que ça marche, sur la pochette. Elle est venue botter des culs, sans chercher la gloire - juste un écrin rock et metal à toute sa colère.
Terrible Tairrie B., qui n'aura qu'ici l'occasion de vraiment briller. En braillant. Après une petite prière, à la DMX croisé Courtney Love, c'est ti-par pour un bon quatre-quarts de groove war, avec du nu-metal bien bourrin, fiévreux et groovy, bordeline avec le sludge par moments ("Heartsick"), garanti zéro pourcent technoïde et 100% gros riffs, saveur mi L.A.-mi-NOLA, gros son bien gras (le producteur a quelques mois plus tôt emballé le Flowers of Disease de Goatsnake)... Je me souviens de ma découverte, grâce à un sampler Rock Sound, du morceau "Stick it to Me" (qui fut utilisé dans la série B culte 8MM avec Nicolas Cage - pour les cinéphiles beaufs qui kiffent : pouce levé en com). À l'époque, j'écoutais Kittie, hum hum - j'avais trouvé là une version nettement plus épaisse et violente. Du niou-médoll "riff-et-griffes" bien con et bon ("Letter to the Editor") ou plus hanté ("Let it Rain") qui ne pète pas plus haut que son cul, et se contente de tartiner généreusement avec ce qu'il a en pogne. Clair que cette Tairrie ne sent pas la prairie, mais les règlements de compte et la rage au bide, sincère, pas pipeautée... Forte de ses expériences passées et remontée à bloc, Tairrie ne pose pas, et grogne purement mue par l'instinct, avec ce côté "tough guy" dans le chant, qui fait la différence : on sent qu'elle va pas la jouer 'tite fille sensuelle pour mieux amadouer le con alpha avant de le schlaguer. Elle va juste lui balancer un bon bourre-pif, et poser les questions après ! Il faut dire qu'en dehors de son intro aux accents lascifs, elle ne pratique guère la minauderie, dont d'autres féministes du rock pourraient user de façon sarcastique/dénonciatrice ou autre. Ses rares passages en chant clair n'en sont du coup que plus appréciables ("Miss Ann Thrope"), même si sa reprise par-dessous la jambe de Nick Cave me semble superflue...
Tairrie a un rayon d'action réduit, mais elle y va franco, à fleur de gosier, et pourtant ne se contente pas de gueuler : elle module sa voix patibulaire dans toutes les teintes du hurlement et du grognement qui lui viennent, au gré des tronches de connards qu'elle a connu et qui surgissent comme des boules puantes dans sa tête, au lieu d'éclater comme des bulles de savon. Mais à défaut d'avoir la tête froide, elle garde la foi. Pose ses tripes, organique et inspirée, soit à l'opposé de tant de chants de cette époque (féminins ou pas d'ailleurs). Frôlant parfois le death-metal avec des quasi-growls, des cris bien crasseux parfois inspirés par Marilyn Manson (mais moins agaçants - car ce dernier pour ma part est bien meilleur crooner que gueulard), la brutale Tairrie réemploie aussi à bon escient son aptitude au flow, vu qu'elle a été formée au centre névralgique du rap west coast, et ça ne sonne pas forcé, juste bien balancé-cadencé ("Sanctuary"). Et côté zicos "ça joue" sévère, à défaut de faire preuve de la moindre originalité : changement de rythmes inspirés, riffs sans spécificité mais pugnaces de chez coriaces, variété des morceaux mais homogénéité de double cheeseburger bien smashé, croqué à flanc de bagnole au milieu d'un parking quelconque dans une banlieue comme une autre. Bref : c'est du charnu, du tassé, de la Tairrie-ne, et si c'est pas le truc le plus renversant de cette génération, ici ça fait toujours plaisir. Comme une résurgence des plus féroces protagonistes du mouvement Riot Grrrl... mais avec un feeling à la Phil Anselmo ! Un fort sympathique album, limité mais bien rustique, bien patate, et extra-roots.
dernières écoutes
Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "A Prayer Under Pressure of Violent Anguish" en ce moment.
tags
Connectez-vous pour ajouter un tag sur "A Prayer Under Pressure of Violent Anguish".
notes
Note moyenne 1 vote
Connectez-vous ajouter une note sur "A Prayer Under Pressure of Violent Anguish".
commentaires
Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "A Prayer Under Pressure of Violent Anguish".
- Raven › Envoyez un message privé àRaven

Il passe très bien les années oui, pour un disque affilié neo de l'an 2000.
- Note donnée au disque :
- Shelleyan › Envoyez un message privé àShelleyan

ça vieillit très très bien, cette violence me parle beaucoup depuis quelques années.

