Static-X › Shadow Zone

Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit ! Huit halos lumineux photoshoppés sur la pochette trahissent suffisamment l'âge de ce disque, avec encore plus d'effets dans la jaquette dont un halo que Wayne tient à mains nues, il est dingo comme ça. Il envoie pourtant encore bien ce troisième album des allumés de Los Angeles, surtout sur sa première partie toute en parpaings, avant que la désagréable sensation qu'un haut placé de chez Warner leur a balancé des CDs de Korn et de Linkin Park sous le nez en leur demandant de faire pareil ne prenne le dessus. 

De l'apocalyptique 'Destroy All' jusqu'au furieusement moshpit-friendly 'Monster' c'est un concentré d'adrénaline juvénile qui survolte l'année de sortie du laborieux Take a Look in the Mirror et du bien plus introverti Meteora. C'est toujours dans l'agression pure que le groupe fonctionne au mieux (ce son de gratte !) car dès qu'il s'émeut le soufflé retombe dans une soupe mélo-hardos typiquement d'époque ('The Only', ou 'So' pour les paroles les plus ineptes jamais écrites : "Empty inside, I'm dying, I'm crying, She makes me bad"). Seule 'Invincible' s'en sort bien comme clone sur-protéiné de Linkin Park. La batterie souvent galopante est assurée par Josh Freese d'A Perfect Circle qui a à peine eu le temps d'apprendre les morceaux après le départ soudain de Ken Jay. La légende veut qu'il n'ait entendu chaque démo que deux fois avant d'enregistrer sa partie sur la troisième écoute. C'est en tout cas l'autre point fort avec le son de guitare, et accessoirement la première batterie de Static-X en studio après deux albums montés à la boite à rythme.

L'autre épine dans le pied de ce donut vert à part ses plans mélodiques c'est que certaines compos auraient vraiment gagné à mariner quelques semaines de plus au studio. C'est 'Kill your Idols' qui me frustre le plus, on dirait qu'ils voulaient refaire 'Weisses Fleisch' mais sans rien mettre dans ce pont central pour le justifier. 'Transmission' aussi, petite interlude au premier tiers prometteur arrive à tourner en rond malgré sa durée d'une minutes et quelques. Sorti à la suite de la BO-starsystem de La Reine des Damnés ce Shadow Zone est bien ancré dans son époque et sa situation géographique, mais l'efficacité cathartique d'une bonne moitié de ses titres suffisent à ne pas le reléguer totalement au grand purgatoire des années 2000.