Ozric Tentacles › Erpsongs

Un classique du space rock Ozric Tentacles ? Sur le papier, le groupe (du moins sur ce disque) possède de nombreux atouts pour me parler, me plaire : un savoureux mélange kosmische musik/space rock, avec basse ronde, synthés vintages, solo göttschingiens, des tartines d’effets électroniques à la Hawkwind, de l'écho partout. Bref, l’eau à la bouche rien qu’à la lecture de la recette, l’espoir d’un trip spatial de première classe !

Et pourtant… et pourtant… malgré les promesses, le choix, la qualité des ingrédients laissent parfois à désirer et le met savoureux se transforme en brouet grossier… Déjà : prod’ un peu caoutchouc, guitare au son parfois trop synthétique… Et si, en de rares moments, les claviers peuvent évoquer Klaus Schulze, ils se laissent souvent aller à des sonorités bien 80’s et/ou new-age, le cheesy-o-meter s'affole et l'ambiance recherchée en pâtit sévèrement : bienvenue à l’ashram du grand maître cosmique Raël plutôt qu’en orbite autour des anneaux de Saturne. Et que dire de certaines incursions en territoire « world music » comme Thyroid et son ambiance dub plastique particulièrement laide ?

Je noircis un peu le tableau, l’album a une identité marquée mais il pâtit malheureusement d’une comparaison avec un acteur précédemment mentionné jouant dans le même créneau spatial : Hawkwind. Et là où l’écoute de ce dernier me donne l’impression d’être un gladiateur intersidéral qui se bat à moto à coups de chaîne de vélo dans des arènes sur Jupiter pour gagner sa croûte, avec Ozric Tentacles, c’est une autre histoire… Avec ses sonorités parfois un peu kitschouilles et un rythme mollasson… Je parlais de trip spatial de première classe ? Remarque pas si éloignée que ça de mon ressenti final : ambiance voyage d’affaire pour aller faire un audit financier vers Bételgeuse, les dossiers et fichiers EXCEL sont fin prêts, l’astroTGV tout confort qui nous attend, siège moelleux dans lequel on s'enfonce un peu trop, juste un doigt pour le whiskey de synthèse d’avant décollage merci, à peine le temps de jeter un œil par le hublot qu'on longe déjà Mars, les molles vibrations du moteur font déjà effet, le roupillon guette, oh tiens un banc de dauphins de l'espace qui nous accompagne depuis l’écrin multicolore d’une supernova je grmbl zzzz...