Elle a une grosse dent contre maman, encore à quarante-six ans ans, la Courtney. Her Mother's Daughter, le bouquin de la mère, donne donc droit de réponse en titre d'album du retour, par la fille. On lave pas son linge sale en famille, chez les Love... Et dès le morceau-titre, que ce soit sa voix grungey rassise de chez rance, la réverb' épaisse pour faire cache-misère, prod Beinhorn déclassée, les guitares alterno-génériques, on est plongés dans l'ambiance des nineties à la Hole... dont il ne reste que Courtney, du line-up d'origine. Elle s'est assise sur l'avis des autres, sans surprise. Elle a aussi piqué des chansons à Billy Corgan. Et pas les meilleures en plus ! Mais en sortie de désintox, faut croire que ça lui suffisait... tous ces sales à-côtés et potins ne changent rien, mais explique la lueur "résurrection foireuse" et "born again morose" de cet album, ou plutôt cette triste chose. Rock-pop-folky générique, à voix de vieille branche des années grunge qui n'a à peu près rien à dire. Et ce premier titre est en réalité une ouverture à la "Violet"... version quadragénaire bien tassée. Poignées d'amour, blues discount, sacoches sous les yeux... On est chez Courtney la Ratée, qui a fait son nid dans le show-biz, mis son étoile sur le trottoir, fait pas mal de couvertures de magazines, insulté quelques gens au passage... et n'a pas trop fait de musique. Cela s'entend. Nobody's Daughter nous la rend rincée. Inutile. Has been à mort... Piteusement hurleuse (-poseuse, avec "Loser Dust") et pathétiquement chansonnière, comme sur les grattouilles de guitares de "Never Go Hungry" ou d'une "Someone Else's Bed" aux relents corganno-dylaniens (mollo avec les narines Courtney)... Mais tout compte fait, au fond : ce disque pour faire un peu de blé et faire parler de soi est moins fadasse que l'usinette à tubes Celebrity Skin ! Dont elle reprend les envies power-pop (la très cool "Samantha"), mais pas la lumière. Ici tout est morose, jusqu'à ses tounes folk toutes pétées - dont l'affreux bonus country-Courtney "Codine" marque le point de putréfaction ultime (quoiqu'en poussant avec sa voix flinguée, elle nous ferait une Diamanda Galás premier prix potable ! - je déconne... à peine). Love tente bien le rock, mais c'est tout pâteux, empâté ("Skinny Little Bitch", ou cette "Honey" qui est comme sa version perso de "Wonderwall" : liquéfiée). Et elle nous inflige aussi du slow tout usé, bien pénible à traverser ("Letter to God" bon sang...) Un album rock'n'folk arôme grunge périmé, donc. Parfum morue, ambiance mégère, humeurs médisantes d'une vieille tante célibataire qui passe son temps à critiquer le reste de la famille et à étaler ses aigreurs... mais aussi à jouer les nostalgies aux yeux humides, avec une sincérité que chacun jaugera. Un assez bon album... si on le compare à son solo America's Sweetheart. On est dans le terminus pour un groupe sans génie... dont il ne reste plus rien, donc. Qu'une peau de chagrin nommée Courtney. Quant à cette pochette Marie-Antoinette - sans la tête (alouette) - elle me donne envie de vous proposer, "plaisir d'offrir", cette recommandation sous la chronique...