Hole › Ask For It

La photo de ce mini-album-exutoire est là, pour rappeler les choses qui ne s'oublient pas. Sur cet E.P. mi-reprises mi-live, Love rend à sa façon hommage à Cobain, en reprenant d'entrée un morceau d'un de ses groupes favoris : les fabuleux Wipers (écoutez Wipers, c'est pour votre bien). En les reprenant BIEN, hein. Car cette version âpre de Courtney, au gosier bien confit par la nicotine, elle a du chien, elle "exprime le truc", on va dire. C'est tout rugueux et gris, ça sent les nerfs au bout du rouleau qui prennent feu pour pas s'effondrer, le brame en guise de larmes. C'est du grunge avec la gueule de bois qui cherche pas à être post-quoi que ce soit, mais opérer un retour impossible en arrière, dans ces disques poussiéreux... ce qu'une granuleuse et crade "Pale Blue Eyes", prise au Velvet fait en enfonçant le clou : furieuse, pouilleuse, crachée de travers dans une sono éventrée, ponctuée de sifflements de gens pas très concernés, qui ne laissent un silence de toute beauté... silence brisé par une "Drown Soda" made in Peel Sessions, aux guitares corrodées comme du Big Black, un sale coup de schlass rouillé dans les parties façon fellagha du grunge, by Courtnouille la fripouille. Nuit, jour, nuit ? Gris, gris, surtout... Gris partout, dans le cerveau et l'humeur bien pourris d'une Love louve, qui nous jette sa "Doll Parts" seule sur guitare acoustique, limite à la Neil Young ou à la Lennon. "Yeah, they really want you" en écho livide dans le néant du séant des nineties, même tarif pour la "Violet", jadis guerrière, désormais éclatée au sol. Et cette double-reprise finale plus minimaliste qu'un glaviot, juste rotée, vomie. Sur le carrelage froid. Cet E.P. crasseux et sordide reste ce que Hole, groupe attachieur (aux chiottes "attachiant"), aura sans doute craché de meilleur.