Un palmier brûle à L.A... Quatre ans ont passé, depuis que Cobain s'est fait péter le caisson. Les théories du complot vont bon train, le documentaire Kurt and Courtney vient remuer la merde... L'"Égérie du Grunge" sort un nouvel album. Elle a géré le deuil comme on le sait - avec une classe très relative, on va dire - tandis que sa musique, progressivement popisée, s'est bien mise à l'image de ce nouveau titre d'album. Moins à fleur de peau, que soucieuse de percer dans les charts avec son nouveau son nickel-chrome, mais pas sans injecter des gros bouts de vécu. Catchy. Pêchue. Assez à l'image de son bustier "tu tires ou tu pointes ?", plus ravissant que sa robe sur My Body The Hand Grenade. Dénuée de génie ou magie, mais pas d'émotion. Agrémentée d'une certaine Melissa, talentueuse guitariste québécoise conseillée à Courtney par un certain Billy, qui l'a connue aux Foufounes Électriques. Hole sonne désormais power-pop à mort, ouais, dès ce morceau-titre qui accroche comme du Offspring sur un riff plus-américain-tu-meurs-de-diabète-secondaire. "Awful" ? Indeed, Courtney... Non, j'exagère : ce break est très joli... Hole continue sur sa lancée "mainstreamisation du son", en fait, karcherisation radicale de toute trace de rouille noise rock, ou "cracralternatif". Et si ce troisième album devient d'une fadeur regrettable en son ventre, il est émaillé de quelques morceaux sympas, même si j'ai à peu près jamais envie de le réécouter. Il y a par exemple cette "Playing your song" qui surpasse la glace, le glacis ricain-pop à mort, mais aussi "Petals", qui rehausse un niveau en chute libre sur la deuxième moitié via l'enchaînement insipide "Northern Star"-"Boys on the Radio"-"Heaven Tonight"... Savoir achever un album, c'est à la portée de Courtney. Ce qu'elle a appris de Kurt me semble arriver ici dans ces deux derniers titres, en bout d'alambic, limpidement pop-rock, et ça fait mouche, à défaut de vraiment toucher. Il y a paradoxalement une vérité, dans cette émotion "post-grunge" un peu surfaite, dans cette production beinhornesque ultra-carrée-calibrée. La médiocrité agréable d'une "Malibu" (pourquoi j'écoute pas plutôt Texas ou Cranberries moi vous voulez bien me le dire ?), morceau sur son veuvage essentiellement vécu en Floride, est l'exemple-même de cette power-pop post-grunge made in Courtney : un concentré d'Amérique, qui sent le linge propre les trajectoires foireuses, style road-movie à la Thelma & Louise remaké par Gus Van Sant. Presque rien du tout parfois, comme cette exténuée "Dying", en contraste avec le roulement de mécanique bassueux d'une "Use Once & Destroy"... On peut pas faire plus à l'opposé dans l'esprit et le son, au Pretty from the Inside sorti sept ans plus tôt... et c'est précisément pour ça que ce disque m'est plutôt sympathique, en fait, malgré sa bonne moitié sans aucun intérêt ! Groupe de seconde zone, Hole prouvent pourtant qu'il n'ont jamais stagné. Et que ce Trou n'est pas qu'à rats, même s'il ne sera jamais 24 carats (...pfff...) Ensuite, du côté rock ricain en jean troué, il n'y aura qu'un mur : celui des années 2000, et des petites midinettes aux griffes bien limées comme Avril Lavigne. Celebrity Skin, c'est la fin mi-figue mi-raisin de toute une époque, exprimée par une de ses plus controversées protagonistes, dans la douceur amère d'un crépuscule qui sent le petit matin.