Big Business › Command Your Weather

Le rock américain m'avait encore préparé un fabuleux cake aux fruits. Les cloches avaient semé leurs œufs de Pâques. Je n'avais qu'à dire merci, et gambader dans le jardin, sans gamberger un demain. La météo était clémente, comme je l'avais commandée. Le cheval couronné avait amené le Soleil, aux fleurs que bichonait ma maman. Cependant la sensation que j'étais déjà foutu restait, sous le goût des bonnes choses. Comme dans certaines musiques pas très normales mais familières, vous savez, ces sons qui vous rappellent votre enfance, mais tout en vous enfonçant bien la gueule au fond de votre vie d'adulte. Coady Willis, lui, a été visité par la Fée Clochette... Et tant mieux. L'intro variation stoner sur tube de Sex Pistols après le mimi ding-dong ne ment pas plus que le final "Horses" : Command Your Weather sera tout pareil mais bien différent des autres Big Business. Il fera les choses sous ses couleurs, avec son humeur. Sa doom-pop du pique-nique. Son son powerpop-stoner, cuit à l'étouffée. Son croustillant de gros paquet de céréales façon Lucky Charms hard rock, et son graillon qui brille. On pourra se demander avant mi-parcours, si Big Business n'ont pas déjà tout dit, arrivés ici ; leur quatrième va prouver qu'il peut être sensible à sa façon. Porter les fleurs dans la barbe, avec grâce. Big Biz, ici, laissent leur musique respirer, contrairement au super-compact-tassé-usine-à-tubes Battlefields Forever. Ils apportent aux riffs touffus et au tambourinage féroce une teinte cristalline digne de contes et de mythologies. Command Your Weather n'est pas que la touche rose bonbon dans une discographie héroïque : il contient des moments fantastiques, comme la grondante épopée "Popular Demand" et sa longue outro mystique, un de leurs plus hauts faits. Ou plus encore l'extraordinaire halte chorale "Send Help", aboutissement pur de cette magie vocale façon Big Business, entre épiphanie et maléfice, et dont la mélodie me hantera à vie... BB sont au niveau des sommets des Beatles dans ce moment mélodique sublime, rien que ça. Capables de tutoyer le paradis depuis leur petit bout de carré sur ce gros caillou. De faire des miracles qu'on a envie de partager sans réfléchir, des œufs montés en sortilège... Le côté berceuse/comptine leur va si bien. Ouais, il est beau comme tout, ce Command Your Weather. Il a de gros sabots mais feutrés, et il est comme son canasson en papier Canson : mignon, mais fièrement dressé, prêt à frapper. Ou orchestrant le bouquet. Avec brutalité et sincérité enfantine, candeur tragique, derrière la farce qui n'en est pas une. Ce côté bien rustaud, ces manières d'ours cherchant miel... mais n'empêchant pas une grande douceur, qui vient quand le gros bruit commence à faire peur. Que la nuit arrive avec le néant, comme le Gmork, et qu'il ne nous reste plus qu'à chanter des hymnes de bravoure pour nous tenir chaud. Un album confidentiel fait avec amour, généreux et fort attachant... Encore un, dans cette carrière sans faille, qui ressemble au plus beau des gâteaux.