Stina Nordenstam › This is

Plus le temps passe, plus Stina Nordenstam semble être attachée à son indépendence. Pourtant, vu la réussite critique et commerciale (toute proportion gardée) de son second album, elle aurait pu être tentée de se laisser elle aussi séduire par les projecteurs de la gloire. A contrario, avec le gauche "Dynamite" et le quasi confidentiel "People Are Strange", elle s'est employée, lentement mais sûrement, à se tenir à l'écart de cette tentation, au point de se faire littéralement oublier. Elle sera pourtant parvenue à persuader les compères Tchad Blake et Mitchell Froom de s'occuper de son cas, après avoir réussi à dôter d'un certain relief les compositions de Suzanne Vega (sur, respectivement "99.9°F" et "Nine Objects of Desire") et redonner des couleurs à Lisa Germano sur son ultime "Slide". Et "This Is" porte indéniablement la patte des deux arrangeurs/producteurs. Il se présente comme un compte rendu fidèle de la carrière en dent de scie de la chanteuse suédoise, juxtaposant aux moments délicats et introvertis, réminiscants des meilleurs passages de "And She Closed Her Eyes", aux approches plus abstraites et appuyées ("The Diver"), proche de la rugosité des propos exposés sur "Dynamite". "This is" remplit donc sa mission et présente Stina Nordenstam pour ce qu'elle fût et ce qu'elle demeure. Mais "This is" ne soulève aucune nouvelle piste non plus, comme on aurait pu être en droit de s'y attendre. Si esthétiquement le pari est réussi, ce cinquième album sonne au final, et c'est là tout le paradoxe, moins personnel que le fût son précédent album de reprises, "People Are Strange".