Duet Emmo › Or So It Seems

Dome + Mute = Duet Emmo. Un projet ambient-occulte + un label mythique de la musique électronique appelé à devenir succès planétaire. C'est aussi con que ça, l'expérimental. Comme un battement de cœur de droïde, menaçant en toute sobriété mécanique-organique, en premières secondes... Quand Monsieur Bassiste et Monsieur Batteur de Wire rencontrent Monsieur Warm Leatherette a.k.a Monsieur Mute Records, pour la onzième sortie de son label encore frais : ça fait un truc vraiment cool. Sombre et Expérimental ? Les années 80 me répondent : "on a ça en stock, coco". Ce à quoi je leur réponds : t'as le look... mais t'as pas qu'le look ! Parce que Duet Emmo, mine de rien, c'est pas juste du petit disque expé-pété réservé à trois nerds sociopathes du style fans des Residents... Non. Rien que dans le côté proto-minimal techno juste génial de fraîcheur intacte, par moments (l'effet Daniel Miller ?), ce projet a dû marquer au fer rouge - et si j'ose dire à blanc - un certain Plastikman. Des bidouillages, oui, "y en a aussi". Des passages d'ambient pur comme "ANC" ou la très diffuse mais néanmoins prenante "Long Sledge", moments de vide pas du tout vide en (ir)réalité... mais aussi des trucs plus franchement hallucinés, étranges au plus haut degré, comme cet incroyable titre éponyme, hanté par le chant plus-fantômatique-tu-re-meurs de Lewis (dans la zone d'un Trisomie 21) et les zébrures techno-radioactives de Miller, ou "The First Person" avec ses rires forcés bien malsains, toutes deux entre Scott Walker et Richie Hawtin (donc), et préparant le terrain au voyage plus synthétique du Wire seconde période, tout en créant presque un nouveau genre à elles seules. Ça c'est du gutsien mon poussin. De la musique qui va dans des coins pour en ramener des trucs. Cet un-coup de Duet Emmo reste un album farouchement AUTRE, un disque qui n'a pas d'équivalent à ma connaissance, malgré les ramifications évidentes vers l'univers du génie Daniel Miller, et son label superbement incestueux, au carrefour de toute une grande vague underground qui créait compulsivement du bizarre et de têtes de gondoles comme Depeche Mode qui faisaient guincher et vendaient... en piochant généreusement dans ce catalogue obscur (le béni des dieux Martin Gore saura transposer ce qu'il aura assimilé de ces sons de laboratoire aux grandes salles puis aux stades, avec la grâce qu'on lui connaît). Je préfère ce projet-là, à tout ce qu'ont pu faire Dome, plus excluant et lo-fi, même si ici l'autisme est tout aussi prononcé. Duet Emmo me semble plus abouti, et le patron de Mute, encore une fois, n'y est certainement pas étranger... même si on reste sur du "produit de niche", comme on dit. Mais soyez assurés que les quelques péquins qui connaissent et possèdent ce LP de 1983, ont en leur main un fragment d'un truc très précieux, mine de rien, et culte de chez culte. Si l'un d'eux venait malgré tout à passer par là et voulait s'en séparer à bon prix tout en contribuant aux obsessions dérisoires d'un fétichiste : qu'il me contacte par messagerie privée. Cordialement.