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Enslaved › Ruun

cd • 8 titres • 46:01 min

  • 1Entroper
  • 2Path to Vanir
  • 3Fusion of Sense and Earth
  • 4Ruun
  • 5Tides of Chaos
  • 6Essence
  • 7Api-Vat
  • 8Heir to the Cosmic Seed

informations

line up

Grutle Kjellson (chant, basse), Herbrand Larsen (chant clair, claviers), Ivar Bjørnson (guitares, effets), Ice Dale (guitares), Cato Bekkevold (batterie, percussions)

chronique

Aussi crémeuse et terne que le Mellotron qui luit en introduction, la beauté sobre de cette pochette tribale est l'écrin idéal à cet album superbement imparfait et tiède, aussi fluide que complexe, tissé d'instinct, de motifs, Enslaved à ce stade n'ayant plus rien à prouver (selon la formule conne sacrée), et rejouant leur "recette", l'affinant sans cesse, travaillant leur fusion de black-metal avec le hard rock léger comme l'air et le prog à drakkar, sans jamais tomber dans le panneau des enchaînements sans queue ni tête au sein d'un même morceau... Quant au black-metal des forêts, ici, on laisse ça aux bûcherons. Chez Enslaved on cause avec le ciel, depuis l'eau. Avec Ruun, plus encore qu'avec Isa, le black-metal mue en blue-metal... et c'est autre chose que du Luc Besson ! C'est une forme de prog-black qui n'exprime aucune haine mais une forme de plénitude, même dans ses râles les plus rugueux. Un paradoxe assez fascinant, profondément scandinave : l'extrémisme soyeux... De l'Enslaved-wave ? Un monde où le difforme grimaçant flirte sans cesse avec la beauté pure, une musique à lourdes guitares où on joue à être le plus léger possible, et à fricoter avec le sublime, en dérivant le long des crêtes dangereuses entre le Grand et le prétentieux. Une texture en grain fin des guitares, craie grise, pâle, bardée de bleu turquoise. Enslaved a aussi ce chic, ce vice, pour vous arrêter un morceau quand il devient merveilleux ("Fusion of Sense and Earth"), vous obligeant à persévérer à relancer l'album pour saisir ses furtifs mais poignants moments de grâce. La mélodie sait s'y faire chtonienne aussi bien que céleste, mais tend le plus souvent à l'élévation. Et le morceau-titre, fort toolien, ne doit pas vous induire en erreur sur la nature profonde et inaltérable du groupe : Enslaved pratique toujours une musique viking. Seulement, ces vikings ont découvert une civilisation qui leur incite à s'instruire. Ils miment la science complexe qu'ils découvrent encore, celle du rock progressif, tout en la saccageant. Car ce sont des vikings, et qu'ils retourneront à l'océan voguer vers d'autres lieux étonnants. Mais qu'ils apprennent, puisque mués par la curiosité. Pour rappel un viking, ça voyage, ça commerce, ça ne fait pas que piller, loin de là... Ces gens ont créé Ikea : il leur fallait fabriquer, plus que détruire. Et Ruun est un disque de bâtisseurs-voyageurs qui planent, glissent sur leur style. Voguent, se laissent porter où vont les vents. Jusqu'à cette intro/outro sobrement hantée de "Api-Vat", qui compte parmi ces passages d'une beauté brute et singulière, ces détails pas du tout anodins dans lesquels réside le pouvoir aristocratique d'Enslaved, de sa musique aux contrastes mêlés en sauce subtilement surnaturelle, de ses mélodies tressées comme cheveux avant la bataille... de ce qui fait son style si singulier. Aquavit et aquarelle... Ruun est une douce leçon de classe, entre deux vagues scélérates, par un groupe qui n'a plus rien à prouver, et qui s'acharne désormais à ouvrager.

Bon
      
Publiée le dimanche 5 octobre 2025

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    soulsmaster Envoyez un message privé àsoulsmaster

    Concernant ce qu'on disait hier, rapport à la relative appartenance d'Enslaved à la scène black, l'écoute de RIITIIR m'amène quand même à modérer le propos : le groupe y revient quand même pas mal sur les quelques albums que j'ai écoutés (pas tous, donc) post-Vertebrae, avec un gros feeling vinkingo/épique qui se faisait nettement plus discret sur la période "prog-psyché", de Isa à Vertebrae disons.

    soulsmaster Envoyez un message privé àsoulsmaster

    Je note je note, je vais m'y atteler dans les prochains jours.

    born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

    Riitiir est leur meilleur disque avec Mardraum, haut la main.

    Note donnée au disque :       
    soulsmaster Envoyez un message privé àsoulsmaster

    Oui nan en effet je ne vois rien chez Grutle de particulièrement agressif, mais l'affiliation à la scène black est là malgré tout. Quoi qu'il en soit le combo Ruun - Vertebrae passe très bien ce soir. Le suivant m'intimide un peu par sa durée je l'avoue, 67 minutes c'est quand même un gros morceau, et rares sont les albums qui parviennent à me captiver sur plus d'une heure dorénavant. On verra ça le moment venu.

    born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

    La voix... de Grutle, oui. Je peux comprendre, d'ailleurs, tellement chez eux c'est juste un vieux pli inconscient, et ça ne dégage plus rien d'agressif, donc ça peut paraître juste un tic agaçant et creux, j'imagine... Mais personnellement j'ai un attachement tout particulier à son shriek, qui est un peu à part. Il a quelque chose d'attendrissant, de bienveillant.

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