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Till Lindemann › Zunge
- 2023 • Autoproduction 9509845562687 • 1 CD
cd • 11 titres • 46:40 min
- 1Zunge
- 2Sport frei
- 3Altes Fleisch
- 4Übers Meer
- 5Du hast kein Herz
- 6Tanzlehrerin
- 7Nass
- 8Alles für die Kinder
- 9Schweiss
- 10Lecker
- 11Selbst verliebt
informations
chronique
Lindemann "solo" avec Peter Tätgren en compère ingrat (s'est cassé l'a bien fait), je n'y avais jusqu'ici pas goûté. La faute à une impression de truc 100% superflu pour qui a déjà tout Rammstein, et à des pochettes... pires que celles-ci. Mais il semblerait que pour ce solo-ci, Till ait décidé de cocher toutes les cases, de nous faire son œuvre-somme. Plus inspirée que Zeit, plus varié du moins, mais bien dans son sillage "spleen & rides". Et puis d'abord un album sur lequel son chant nous apparaît comme ce qu'il est sous toutes ses coutures : laid, autant que beau... C'est ça Zunge ouais : un bon album de Rammstein officieux, presque un panel-condensé du style Lindemann, variant l'intensité et la mocheté entre échos de future-pop carbonisée et gros "indus"-metal de beauf allemand dépressif. Avec les sonorités discount-darkwave années 90 assumées (comme l'EBM sur "Altes Fleisch" ou la synth-pop sur "Schweiss"), les tartinades de grosses guitares au son synthético-chromé plus-artificiel-tu-meurs, les riffs chez cet homme n'étant au final qu'un synthétiseur parmi d'autres... un album qui aurait pu sortir entre Mutter et Reise Reise, sans problème. Et qui pas loin d'être aussi bien foutu que le premier en fait. Mais avec un goût du kitsch electro-germanique plus débraillé, et l'épaisseur vocale du Till quasi sexagénaire au micro, qui donnent un air de radeau médusé au vieux panzer.
Ce Till qu'on a dit rincé, ce Till sur le banc des accusés ("Kill Till" arborait-il un temps sur ses till-shirts), ce colosse aux pieds d'argile. Ce Till mort mais encore vivant, dont l'art, bien que très limité, a tout de même une gueule reconnaissable entre mille... Et celle-ci s'exprime ce qu'elle a sur le cœur, celui du centre névralgique du groupe, et pas seulement son chanteur. C'est aussi ce que rappelle ce Zunge : sans Till, Rammstein n'est rien, il est à Rammstein ce que Peter Steele fut à Type O, rien de moins (pour comparer entre grands machins encombrants qui roulent les "R"). Et Zunge c'est la vision de Till, émancipé de la machine mais condamné à faire du RammsTill... avec un chouia plus d'imperfections, de trucs qui débordent. Un côté plus libre dans le carcan de son démiurge, ce gros ogre malsain de la pop à grosses guitares. De la puissante "Zunge" d'intro, aux relents de vieux gothic-metal des années 90, au single débile "Sport Frei" (t'étais pas obligé de niquer l'envol tragique direct Tillou mais soit) au tubes qui marchent à plein tube comme du Mutter en plus glauque ("Du hast kein herz" et ses relents de Calva Y Nada version hard FM), en passant par de la folk teutonne bien chantée ("Tanzlehrerin") ou par la tarée "Lecker" (la "Puppe" du lot ?) avec Till en cousin germain de Joeystarr, de cette "Nass" qui ti-Till à coups d'autotune jusqu'au final "fond de bouteille de l'émotion" au piano : ce disque ronronne du panzer-pleureur, et offre un bel ventail de variations sur la bête, entre schleu méchant et teuton tristesse, sous sa pochette dégoûtante aux relents d'artwork pour Sopor Aeternus déféqué par IA...
Cet album FM-SM nous montre vraiment le Till sous la grosse machine, sans enlever la grosse machine, et son désir d'user de sa voix de manière plus variée. Puisqu'après tout "Zunge" veut dire "Langue". Et que l'imposant Till aime s'en servir de bien des façons. Ici dans une ambiance plus affectée, donc, avec cette tristesse très allemande, cette sensation de pub pour Audi familiale qui se terminera en suicide par asphyxie. Qu'est-ce qui fait la différence avec tous ces trop nombreux albums de Rammstein, si c'est la même camelote, la même prod, les mêmes riffs, la même sauce, la même merde (je vous entends, détracteurs sensibles) ? Le poids tragique plus humain de la chose, peut-être, en marge du cirque du gros groupe en usant des mêmes ustensiles. Son arrière-goût de dépôt de bilan, de bile, de regrets. Till a tout eu : la gloire, l'argent, les groupies, la chute, une forme de renaissance, amère et rance... Il a bu le calice jusqu'à la lie comme tant d'autres avant lui. Il n'est qu'un numéro dans la longue liste des stars déchues, ce gros gaillard. Il n'est pas grand chose au fond... Et ici on le sent sale, et seul, face à un sentiment de vide existentiel, en flaques iridescentes. Remplir l'espace avec les gros joujoux habituels ne sert plus à rien : le vide a horreur de la nature. Bien penser à tirer la languette, avant de crever dans un pauvre bruit de flan industriel. Périmémouvant.
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