Saviour Machine › Saviour machine

‘Why should the devil have all the good music ?’, cette phrase d’un rocker chrétien résume le sentiment d’un certain nombre d’artistes passionnés de rock et de métal mécontents du cliché ‘rock=grand cornu’. C’est ainsi que tous les styles de rock, punk et métal ont été progressivement explorés, de la façon la plus naïve à la plus sombre, par des artistes chrétiens de tout poil, de Stryper à P.O.D. Dernier servi, le gothique a fini par trouver ses marques depuis la conversion de Eva O et le succès de Saviour machine. Ces derniers, dégoûtés par la corruption, l’hypocrisie de l’Eglise officielle et l’effondrement des valeurs qui gangrènent leur pays, les USA, se plongent dans une approche mystique du christianisme nourrie par leur intérêt pour l’Evangile de St-Jean sur l’île de Pathmos. Emmené par un chanteur charismatique (tête rasée, peinte en blanc, croix sur le front) doté d’une voix extraordinaire, désespérée, puissante et profonde, le groupe propose un rock gothique lyrique, flamboyant, presque symphonique que certains qualifient de métal en raison des sonorités de guitare et des arrangements. Ce n’est pas entièrement faux, des titres comme ‘Carnival of souls’ avec ses chœurs au début et à la fin n’est pas sans évoquer de lointains échos de Therion, ‘The Widow and the Bride’, de groupes comme Evereve. ‘Killer’ (lequel se clôt par un mix de samples des Carmina Burana et de la B.O de Dracula) ou ’Legion’ rappellent plutôt quelques éléments de Fields of the Nephilim (sur l’album ‘The Nefilim’) au niveau de la construction (je pense au morceau ‘ Love under will’ ou ‘Last exit for the lost’). Même si les influences gothiques et métal sont évidentes, les comparaisons sont difficiles car Saviour Machine a développé une approche très personnelle de tous ces sons. Une chose est certaine, la qualité est au rendez-vous, les arrangements sont superbes, entre désespoir et douceur, riffs de guitares lourdes, synthés malsains et chant tour à tour possédé, désespéré, mélancolique. Le groupe privilégie également volontiers les changements de tempi comme sur les très bons ‘The Wicked window’ ou ‘Jesus Christ’. Quant aux textes, ils ne sont pas très gais, mêlant références à l’Apocalypse, rêves personnels, réflexions, avec malgré tout, une légère touche d’espoir en un monde meilleur. Puissante et grandiloquente, la musique de Saviour Machine est à l’image du masque qui orne la pochette, profonde, insondable et infinie, à donner la chair de poule, que l’on soit chrétien ou pas.