Quand un non spécialiste de Gary Numan (encore que je ne sois pas manchot concernant sa carrière) vous parle d’un album pour spécialistes de Gray Numan… Si vous n’en faites pas partie, inutile de poursuivre, je ne sais même pas s’il faut noter ce genre de réédition mais il est vrai que quand on connait bien un artiste, que la musique et la composition, l’art, dans leur essence vous passionnent, entrer dans l’intimité du processus de création peut s’avérer intéressant. Si notre Anglais réédite ses deux premiers albums sous version ‘The first recordings’, outre un petit clin d’oeil aux fans de la première heure, c’est aussi que ces deux opus sont séminaux dans l’histoire de la pop synthétique d’où l’intérêt de se pencher davantage sur leurs entrailles électroniques. Avant même la sortie du premier single, Gary avait déjà, avec l’aide d’un batteur et d’un claviériste, bouclé presque un album démo entier et durant l’été, d’autres sessions suivront. Bien sûr, il y a eu du remastering, mais le label s’est démené, au point de retrouver une source alternative pour deux titres de qualité audio trop mauvaise pour être inclus sur la réédition du 30ème anniversaire donc niveau confort auditif, rien à dire, c’est top. Celles et ceux qui accepteront de s’enfiler ainsi ces démos constateront que la trame de composition repose énormément sur un mouvement rythmique qui se complètera ensuite, d’où cet aspect robotique marquant l’identité du disque. Ce n’est pas tout, certaines plages instrumentales au synthé comme ‘Trois Gymnopédies No. 1’ valent le coup d’oreille pour elle-même, dégageant un feeling qui, outre celle de Gary Numan, imprégnera la musique de formations comme Japan, par exemple. Personnellement, cette réédition a aussi eu le mérite de m’inciter à m’intéresser à un musicien en particulier, le batteur Cedric Shapley. Pourquoi ne s’est-on pas contenté d’une boîte ? Justement pour donner de la force, celle qui fait la différence. Outre son physique particulier, Shapley avait ce don d’une frappe sèche, puissante, qu’il savait enrober de petits détails aux cymbales ou aux toms (sa formation percussionnistes) qu’on peut également découvrir au sein du combo auquel il appartiendra après avoir quitté le staff Numan de 'Berseker': Dramatis (jetez un oeil au clip de ‘Love needs no disguise dont le chant est assuré par… Gary Numan). On saluera également la justesse et la précision du bassiste. Parmi les bonus, des versions BBC prouvant que le concept est bien en place. Pour jouer les oiseaux de mauvaise augure, ces versions déjà matures mais forcément épurées démontrent que Gary n’est pas un grand chanteur; il a certes un timbre unique, instantanément reconnaissable qui colore toute chanson dans laquelle il assure les vocaux d’une aura spéciale mais le plus intéressant est sa manière de compenser son manque de mélodies en calquant sa voix sur les parties rythmiques d’où un phrasé robotique parfaitement adapté à sa période électronique ou plus récemment rock indus mais qui a montrés ses limites durant la seconde partie des 80’s, la moins bonne, où les choristes se sont mises à occuper de plus en plus de place. Bref, pour les fans du monsieur, voilà un bon complément à ‘Pleasure principle’ avec sa petite ambiance, mine de rien...