La nuit hivernale tombe sur la forêt du Grand Nord Américain, quelques notes de clavier font écho à un certain Det som en gang var. Un riff mélodique, des arpèges acoustiques, la tempête se déchaine. C’est ainsi que le Sorcier des Glace se réveille alors que l’on exhume cette pièce du fin fond du pays des glaces. Initialement pensée pour être un secret d’initié, c’est en 2006 qu’elle se dévoile à la face du monde.
Un drap noir voile le ciel. L’ambiance du disque est sombre, très sombre. Le vent glacial est toujours là, mais le champ de vision dans la forêt s’est réduit à néant. Que s’est-il passé pour que l’on ressente un tel désespoir ? Tout sera dévoilé au fil de l’écoute…

Provenant d’un autre temps, voire d’un autre monde, le son a subi les affres du temps, tout en restant nettement plus audible que son prédécesseur ‘Snowland ‘. La mélancolie omniprésente est accentuée par de sombres passages acoustiques (‘Dense Nordic Veils Fall upon My Realm with Grandiose Obscurity’ ; ‘Behold the Halls of Ice’), ou même sur un interlude mystérieux au piano (Glaciale Solitude). Tout espoir serait perdu ? La dépression hivernale aurait-elle terrassé le Sorcier ?
C’est alors que la Lune vient pointer ses rayons à grands renforts de riffs lumineux (‘Moonrise in Total Darkness’), la magie opère soudainement. Le Sorcier a dû pactiser avec je ne sais quelle entité astrale, les mélodies sont imparables et épiques à souhait. Accompagné de son batteur, les maladresses d’antan sont oubliées, tout est en place à défaut d’être démonstratif.

L’envol est pleinement pris sur la fin de l’album avec ‘Là où la pleine lune éclaire les ombres du royaume des glaces’, chanté entièrement en Français avec ces délicieuses intonations Québécoises. La rondeur de la basse est accompagnée d’un discret clavier, une certaine sophistication s’en dégage indéniablement. La frontière avec le mauvais goût est très ténue, il s’en est fallu de peu, mais jamais elle n’est franchie.
L’assaut final est envoyé aux oreilles de l’auditeur. ‘Nature’s Fury’ vient conclure l’album sous forme de rappel : le Black Metal, genre propice à la mélancolie, la froideur ou à l’introspection, est aussi affaire d’agression, un assaut à la face de l’auditeur, une avalanche dévastatrice et sans concession. Mais surtout, une force imparable et galvanisante face à l’adversité.