Scorn › Dutch Radio Live studio session

Il faut avouer que le gars Mick Harris est un étrange personnage. Créateur / contributeur de genres dès Napalm Death, fondateur avec Nick Bullen d'une ligue à eux seuls en abandonnant son instrument de prédilection puis laissant une marque profonde en solo dans le sillage des musiques électroniques, l'artiste aura à la fois montré sa versatilité et son incertitude récurrente quant à la poursuite claire et nette de ses projets. Que ce soit pour se défaire de labels qui ne le satisfont pas ou se libérer de pressions (très certainement auto infligées) pour répondre à des attentes, Mick Harris aura constamment navigué sur des eaux houleuses qui l'auront empêché d'arriver à bon port.

Ainsi, après plusieurs périodes d'activités et d'interruptions plus ou moins longues l'Anglais décide d'enterrer une fois pour toute (vraiment ?) son projet phare et annonce la fin de Scorn en 2022. Certes, sa musique demeure plus ou moins une extension (ou variation) de ce projet culte, le dub n'étant jamais très loin de ces enregistrements. Alors quand la "Human Tornado" décide de nous ressortir une archive des débuts de Scorn avec Nick Bullen, sachant que regarder en arrière est très loin d'être sa façon de voir les choses (cf. ses interviews au fil des années, souvent critiques voire assassines sur son passé), il y a de quoi frétiller de/la/du (biffer la mention de votre appendice correspondant). Enregistré en Hollande lors d'une session radio en pleine tournée pour le sublime Evanescence, ce live voit le duo accompagné par les volutes graciles de la guitare de James Plotkin, ce qui s'explique en grande partie par son inoubliable contribution au dit album. Une maigre archive me direz-vous, deux pauvres titres, dont ce "Almost Human" de 14 minutes, inédit joué régulièrement lors de cette tournée (et notamment pour une Peel Session présente sur la compilation "Anamnesis"). Une version efficace rallongée par une intro atmosphérique de près de trois minutes, interrompue par l'explosion de sa boucle rythmique si propice à la transe, hypnotique et ponctuée des arpèges de Plotkin. La voix désincarnée de Bullen (et sa basse bon Dieu !) et les effets électroniques achèvent de conférer une saveur éthérée à ce morceau de bravoure.

Le programme se clôt avec l'inquiétant "Night Tide", tiré de Evanescence, ici peut-être moins lugubre que sa contrepartie album. Si les boucles de piano et la petite mélodie sinistre qui leur est accolée sont toujours présente, cette version live se veut plus aérienne, la rythmique de hip hop sous anxiolytique et les nappes "acid ambient" aidant. Une maigre archive en effet, mais une sacrée surprise venant de la part de Mick Harris l'imprévisible. Et de se prendre à rêver qu'il poursuivre cette œuvre de bienfaisance (1992 Peel Session anyone?), que dis-je, de Salut Public !