Je serai honnête, si leur chanteuse n’avait pas été Monica Richards, peu de chance que je me sois penché sur la carrière de Strange Boutique mais les grands noms servent aussi à cela, faire (re)découvrir d’autres de leurs projets et celui-ci n’a aucune raison d’être boudé. Si la base musicale peut être clairement puisée dans le deathrock, elle l’est de manière moins lourde et saturée, demeure plus lumineuse dans les harmonies. Le jeu de guitare de Fred Smith est créatif, glissant d’un grattage dépouillé à de belles mélodies un peu mélancoliques (le beau ‘We treat the blindness’) ou s’abandonnant à un balayage plus appuyé au besoin (‘Remedios the beauty’). Des influences plus post punk sont également notables parfois niveau rythmique (le groove de celle de ‘Quicksand minds’ par exemple) avec même parfois une touche 80’s typique dans la franchise de la caisse claire (‘A certain euphoria’). Difficile de ne pas évoquer le nom de Siouxsie and the Banshees de par le chant de Monica Richards déjà bien affirmé, épatant de par ses nuances, un peu heavenly, un peu pop mais sans aucune mièvrerie, Cocteau Twins même (‘The flatterer’). De fait, pour un premier essai, le combo aligne quand même de belles pièces bien troussées (‘De Milo’, ‘A happy death’, ‘Quick Sand minds’, ‘Drown’…) même s’il manque à l’ensemble un charisme plus prononcé pour faire de ‘The loved one’ un disque majeur, surtout qu’il n’est pas évident de juger indépendamment de Faith and the Muse quand, comme moi, on est venu à Strange Boutique par le bief de ces derniers. Alors qu’un nouvel album vient de sortir, on réalise à leur décharge que ces opus des 90’s tiennent bien le teste du temps. 'The loved one' est équilibré, travaillé, jamais trop pop (le jeu de Smith équilibre au besoin) même s’il ne bascule jamais dans la franche obscurité tout en l’effleurant (‘Black Sun’)et je le préfère légèrement au suivant. Pour moi, un skeud comme celui-ci est celui que All about Eve auraient rêvé d’enregistrer à leurs débuts. 4,5/6