En sortant un album tous les quatre ans, Creeping Fear semble bien avoir trouvé son rythme de croisière. Leur dernière livraison, ‘Realm of the Impaled’ s’inscrit parfaitement dans la continuité de son prédécesseur : du pur Death Metal, inspiré par la scène New-Yorkaise (Suffocation et Immolation en tête), avec un chant mi-growlé, mi-hurlé, tel un Martin Van Drunen avec coffre bien plus profond.

Sur la pochette (signée Palo Girardi, à nouveau), on retrouve ce qui est désormais la mascotte du groupe. Un Grand Cornu tout droit échappé d’un jeu From Software, qui mène une armée de diablotins à l’attaque. La couleur est annoncée, ça sera brutal et sans concessions.
C’est toujours la même équipe qui intervient sur le son : Frédéric Gervais à la production, Dan Swanö au mastering. On se doute bien qu’avec ces lascars, on reste éloignés des nouveaux standards plastiques et compressés. Ici on garde un grain old-school et massif, c’était déjà le cas sur ‘Hategod Triumph’.

Creeping Fear serait devenu un groupe routinier ? Pas vraiment, non. L’approche de ce nouveau disque est bien plus lourde, nettement moins axée sur la rapidité que son prédécesseur. Plus de contrastes, de ralentissements et d’accélerations, aucune lassitude n’est possible.
Le déroulé de l’album va crescendo. Après une courte intro martiale, le premier titre offre une belle démonstration de violence, qui retombe un peu sur les deux titres suivants, sur lesquels on va gentiment secouer la tête sens déplaisir.
Tout est question de montée en tension, car le cœur de l’album arrive aussitôt en enchainant le complètement fou ‘Torture Wheel’, suivi de la prise de risque ‘Et ils se couvrirent de gloire’ (entièrement chanté en Français) et d’un ‘Fest of Violence’ que n’aurait pas renié Cannibal Corpse dans ses meilleurs moments. Le groupe l’a bien compris, ces trois titres serviront de support à l’album.
On aurait pu croire à une baisse de régime sur le début de ‘Obscene Sacrifice’, mais la sauvagerie du blast qui s’en suit vient nous chopper par le col. Le batteur semble s’éclater alors qu’on laisse un peu de liberté au bassiste pour s’exprimer sous fond de pincements d’harmoniques.
Arrive alors déjà le morceau final qui se veut plus sombre, aux frontières du Blackened Death, dont le seul but est d’achever l’auditeur sur une touche de désespoir aux relents dramatiques.
Ainsi s’achèvent trente cinq minutes de Death Metal exécuté dans les règles de l’art.

On commence à s’habituer des contenus de qualité offerts par Creeping Fear, ‘Realm of the Impaled’ ne déroge par à la règle. Que leur manque-t-il pour réellement décoller ? Tout est là pourtant ! Le Death Metal semble être le grand oublié des publics extrêmes, et la persévérance des Franciliens ne peut qu’être saluée et soutenue.