En 2025, l’immense brasier qu’est le Black Metal a échappé à tout contrôle de ses disciples. Pleinement intégré dans la culture populaire, il s’est considérablement adouci, perdant sa toute substance originelle. Aujourd’hui on mise tout sur le concept et les costumes de scène pour se démarquer, la musique devenant un critère secondaire. Relégué au rang de feu de cheminée, bien rangé derrière une vitre pour éviter tout débordement, il a été domestiqué pour convenir à la masse.

Face à ce phénomène grandissant, un contrefeu s’impose. La flamme sacrée doit perdurer, et voilà qu’apparait Invoketh, véritable émanation de l’underground (ses membres officiant déjà dans Necroblood, Hexekration Rites, Sépulcre, etc…) pour veiller au grain et jouer aux pyromanes.

Satan, Satan, Satan. C’est le mot d’ordre qui est transmis, torche incandescente en main. On brûle pour Necrovore, on jette de l’huile pour Beherit, du bois sec pour Archgoat, on souffle sur les braises de Goatlord… Des noms qui résonnent encore aujourd’hui comme autant de brûlots démoniaques éclairant la nuit. Toute la Biafine du monde ne suffira jamais à soigner les brûlures causées par les grands anciens, alors allons y à fond ! Autant rajouter du sel sur la plaie !

C’est la même flamme qu’en 1990 qui anime ce ‘Sabbatikal Obsession’. La production est sale et abrasive, les cymbales agressent les oreilles, et les guitares, soutenues par une batterie martelée façon massue sur un crâne, sonnent comme du papier à poncer. Les vocalises alternent chant guttural et vociférations pour mieux s’entremêler, dans une complémentarité indispensable au genre. Personne ne sera épargné, les compos s’enchainent avec violence et fracas, ça fait mal.
Tiens, un clavier fait son apparition ? Ce n’est pas une touche de coquetterie, non, hors de question d’excéder les 3 notes à la minute. Il n’est là que pour alourdir l’ambiance malsaine qui règne.
Car oui, tout est question d’ambiance, l’idée n’est pas d’écrire une thèse, mais bien de se livrer à ses plus bas instincts.

Ce sont cinq cartouches incendiaires qui nous sont balancées en dix-neuf minutes tel un feu grégeois visant à tout détruire sur son passage. Des odes à la bestialité, la sauvagerie, la haine…soit l’essence même du Black Metal dans sa forme la plus pure et primitive.