Certains phénomènes dans la nature ont ce don d’apaisement: le feu, le murmure du ressac… Qui n’est pas resté de longues minutes, le regard dans le vide, comme hypnotisé/e par la danse des flammes, le bruit relaxant de l’eau mordant le sable puis se retirant ? Pour x raison, ce nouvel opus de Vidi Aquam m’évoque le ressac justement. Il a en ses lignes quelque chose de profondément nocturne au sens frais et apaisant, peut-être car le groupe y privilégie des tempi retenus, une forme d’économie de la caisse claire, des sonorités froides de guitare, des accords prenant le temps de s’étirer ? Attention, il n’est pas exempt de tension, d’instants plus sombres (‘The world slowing down’), parfois même légèrement plus groovy comme on danserait sur une falaise sous la pleine lune (‘Die Sünde est meine Pflege’) mais ils sont comptés. A l’image de son tire, cet opus n’est pas une usine de tubes pour dancefloor mais une poche hors du monde dans laquelle s’immerger complètement; pas question de concept album, juste de quelque chose de très cohérent où goth rock et cold wave s’unissent pour tisser cette dimension à base de doutes, de larmes, de peurs mais aussi d’espoir et d’attentes de lumière. Il s’agirait donc d’un disque lent ? Pas vraiment car autant nombre d’albums retenus m’ennuient profondément autant ce n’est pas le cas ici car comme le ressac n’est jamais lassant, ‘Lights and shadows’ est sans cesse en mouvement. Difficile de parler de mélodies fortes pourtant chaque chanson s’inscrit de manière naturelle comme si l’esprit était préparé à l’accueillir. ‘The will to go far’ est l’unique moment où les vagues s’emballent, où l’on craint l’avis de tempête mais l’impression ne dure guère, la paix revient vite, comme un constat de déception ou au contraire une confiance dans le retour inéluctable de la lumière. Une version gothique de ‘Faith’ ? Ce serait réducteur portant il y a un peu de cela car l’aspect mystique n’est jamais loin, les accords étirés, les nappes de synthé rendent cette musique propice aux interrogations existentialistes. Beau disque introspectif et subtil à s’écouter de nuit au clair de lune sur une falaise anglaise ou simplement sur une plage, un quai d’une ville portuaire, avant de rentrer chez soi juste avant l’aube… 4,5/6