Khôrada › Salt

En 2016, John Haughm, leader d’Agalloch annonçait sans aucun ménagement ni tact qu’il virait ses musiciens, et qu’il mettait tout simplement la fin de son groupe.

D’un côté lui est allé fonder Pillorian, qui s’inscrit dans la continuité logique d’Agalloch.
Les autres, soit le bassiste Jason William Walton, le guitariste Don Anderson et le batteur Aesop Dekker que l’on a pu croiser dans Ludicra ou chez les punks de Hickey, s’en sont allés créer Khôrada qui pour le coup, n’a plus rien à voir du tout avec le précédent groupe, ni même avec le black atmosphérique.
Rejoints par Aaron John Gregory, chanteur de Giant Squid, ils pratiquent désormais un mix unique entre Metal et Post-Hardcore avec de vagues intonations progressives.

Un groupe qui malheureusement n’existera que pour trois petites années un unique album sorti chez Prophecy Productions. Un album qui, semble-t-il, est passé injustement sous les radars du public et de la critique, et pourtant compte parmi les meilleures sorties des années 2010.

Bénéficiant d’une production monstrueuse assurée par Billy Anderson, déjà connu pour ses collaborations avec Neurosis, Swans, Sleep ou Amenra, c’est une vraie gourmandise d’écouter cet album au casque ou en voiture, avec les basses qui font littéralement vibrer tout l’habitacle.

Les ambiances sont particulièrement travaillées, dès le début du morceau Edest, on ne peut qu’être intrigué par cette trompette un peu jazzy, comme plongé dans un film noir. Et puis c’est la tempête. Les guitares sont massives alors que le chant, varié, mais toujours clair va rappeler la joie de vivre des vocalistes post-punk. Les riffs pachydermiques sont pourtant bien là pour écraser le tout, mais équilibrés par une batterie punchy et dynamique.

On notera même des relents Neurosiens sur Glacial Gold, quoi de plus normal quand fait venir Jackie Perez Gratz, violoncelliste invitée sur Times of Grace ? De toute façon il n’y a pas tromperie sur la marchandise, il s’agit bien d’un groupe issu de l’effervescence artistique des villes les plus progressistes des USA, soit Oakland, Portland et New York. Il n’aurait même pas été surprenant de les voir signer chez Neurot Recordings, tant la continuité semble couler de source.

Mais s’il faut vraiment retenir un seul morceau, ça serait Ossify, qui à l’époque, avait servi d’avant-première à Salt. Un vrai morceau-somme du groupe, qui débute en douceur, aux limites de la Pop pour déboucher sur un final cathartique qui retombera en douceur.

Quel dommage qu’aucune suite n’ait été donnée à cette œuvre, le groupe splitte en 2019 sans aucune communication, mais laissant ici sa trace dans l’histoire, une trace certes méconnue, mais tellement belle et réussie !