Vous êtes ici › Les groupes / artistes › U › U2 › Pop
U2 › Pop
informations
line up
Bono (chant, guitare), The Edge (guitare, claviers, chœurs), Adam Clayton (basse), Larry Mullen Jr. (batterie, percussions, programmation)
Musiciens additionnels : Flood (production, claviers), Howie B. (production, platines, claviers), Steve Osborne (production, claviers), Ben Hillier (programmation), Marius De Vries (claviers)
chronique
U2 ont vraiment pris part aux années 90 jusqu'au bout de celles-ci, sans faire bêtement "mode", c'est manifeste dès la montée en puissance simple et imparable de "Discothèque" (avec l'accent), queue de comète techno-rock de Zooropa, sur beat synthétique érectile. U2 n'ont pas fait dans le bête produit d'époque : ils se sont plutôt fait plaisir, sans au passage oublier de régaler les ouailles. De créer, aussi, tranquillou. Y a assurément pas qu'du minaudage bonoïde ici, même si les allergiques à ce poseur mystique feront un choc anaphylactique en deux-deux. Y a du beau comme sur les deux d'avant, et du différent. Bien sûr, oui, comme de bien entendu : ce que le commun des mortels attend d'un tel groupe de stades, de tubes, il l'aura encore avec ce disque. De la ballade sympa, du morceau cool... Des trucs consensuels, voire un morceau casse-couilles (la neospyché "Staring at the Sun" aux relents Smashing-Oasis discount, que j'ai envie d'aimer sur les couplets mais dont le refrain me gave grave). Oui. Des saveurs du moment, clairement, faut vivre avec son temps quand on s'appelle U2. Mais U2 vont-ils se contenter d'une simple sélection de chansons faciles, après l'audacieux Achtung Baby et l'aventureux Zooropa ? Pop est-il aussi bon que ces deux-là ? Non, c'est certain... Mais il n'a rien d'une chute, il est bien leur petit frère, qui leur emboîte le pas avec classe. "Sombre", "expérimental" ? Et pourquoi pas, un peu ouais, tout en faisant de la pop à 100%, sans se priver de lumière. POP. Le Velvet eut la banane, ce quartet a le Bono... mmmh, non, c'est nul ; j'ai mieux en stock : c'est pas pour le pop art, mais pour la Pop tout court... et pour l'Art quand même, un peu ! Là, c'est mieux.
Car la pop, on le sait bien : c'est d'abord les Beatles, et donc c'est quelque chose d'intrinsèquement expérimental, quand c'est fait comme il faut. Une des bases en la matière de laboratoire musical, d'explorations sonores au très large spectre. La pop n'est pas la variété (même si je n'ai bien sûr rien contre cette dernière - quand elle est bien faite). La pop est mère nourricière autant que caméléon, elle n'a pas attendu pour cela Bowie mais il nous le rappela. En pop, si on sait en faire : on absorbe toute influence à portée de neurone, et on tente des trucs, sans limites, sans gêne, sans histoires de bon ou de mauvais goût, mais avec l'esprit modeleur d'un enfant. C'est ça la pop au fond : une aventure, un espace de découvertes. Pourquoi pas d'audace. Faut tenter. Se lancer. Le divertissement et la fraîcheur, arrivé au sommet : c'est ce qui meut et sous-tend l'album Pop, d'un groupe dont on commence à vraiment avoir soupé en 1997, qu'on a déjà envie d'envoyer balader (les ballades d'ailleurs, comptent parmi leurs plus oniriques, ici, j'en veux pour preuve le sublime slow "Please") mais qui revient et qui nous fait "nananère !", un peu comme une Gala fait "nananananana-nanana-nanana !" C'est simple, mais est-ce facile ? U2, même s'ils déroulent du petit récréatif sur certains morceaux, même si l'album est moins expé-original que Zooropa, n'ont pas stupidement répété une formule. Du tout.
U2 eut tout. U2 voulut plus. U2 tenta encore, avec Pop. Oui. U2 remit l'ouvrage sur le métier, en pro. Avec respect de l'auditeur exigeant, avant celui du pognon. Même si ce dernier reste très important, n'en doutons pas - il n'est pas encore synonyme de déperdition artistique. Tous les artistes vous le diront : il est plus facile de créer quand on crève la dalle, que dans le confort, qui relâche la tension et assoupit l'esprit. L'embourgeoisement ramollit l'artiste, comme le ventre plein étouffe la révolution. Il est donc assez remarquable, pour ne pas dire prodigieux, que U2 aient encore de la passion et de la suite dans les idées à ce stade, blindés aux as à Las Vegas, ayant déjà tant délivré. Avec autant de flouze en poche et les ennuis loin derrière, ils devraient chier une recette simple, nos petites stars crâneuses... eh bien non ! Nos trèfles expat' en ont sous le cou2, si j'ose ! Aussi, Pop, tout en étant pleinement dans sa continuité, est fort différent de Zooropa - lui-même n'étant pas, loin s'en faut, un Achtung Baby part II. Mais Pop est plus direct, assurément. Il embrasse à pleines dents chromées le cul des années 90, aussi grâce à la savoureuse patte sonore "rock de parking souterrain" apposée par Flood, quand Zooropa était encore fortement estampillé Brian Eno. Berlin a été quittée pour Dublin, mais aussi Miami.
Ici malgré de la joshua-treepoterie tardive comme "If God Will Send His Angels", on est dans l'ambiance big beat/jungle, les projets electro/rock hybrides qui fleurissaient alors, donc. Et parfois dans du Michael Mann version Bono-The Edge. Côté bestioles étranges qui envoûtent : "MOFO", et "Miami" ; la première un hit méconnu, qui déboîte de nuit ; la seconde un trip-hop claustro très minimaliste, à la Nearly God. Sur cette dernière, U2 semble vouloir refaire le coup du rebrousse-public de génie, en moins magnétique certes, mais celle-ci a l'étrangeté d'un "Numb", en étant différente... U2 pose, nous disent les détracteurs ? U2 OSE, dit le rédacteur. Et ils ont raison ! Malgré une "Do you feel Loved" ou un "Gone" sonnant tout droit issues d'Achtung Baby, il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas entendre ici un groupe qui ne veut toujours pas céder à la facilité, sans montrer là d'incohérence discographique... Un groupe qui n'a plus rien à prouver à personne depuis quelques temps, et qui préfère s'amuser avec les sons du moment, de façon bien plus candide que cynique. En n'oubliant pas qui ils sont non plus : la magnifique "If you wear that velvet dress" voit même revenir, de façon douce et subtile, les influences folkloriques des années 80, fondant le disque dans la discographie avec une élégance absolue - un de leurs plus beaux morceaux assurément, discrètement grandiose... écoutez, laissez-vous glisser... charmés par ces sorciers irlandais, jusqu'au blues tendrement triste de "Wake up dead man", qui achève l'album sur une touche crépusculaire-douce-amère. Étreinte finale de droïdes cow-boys à la Westworld, pour leur ultime disque indispensable, superbe conclusion pour une trilogie de très haute volée, en forme de dernière virée nocturne.
Dans le même esprit, Raven vous recommande...





dernières écoutes
Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Pop" en ce moment.
notes
Note moyenne 10 votes
Connectez-vous ajouter une note sur "Pop".
commentaires
Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Pop".
- Raven › Envoyez un message privé àRaven
Je n'ai pas (encore) pu vérifier ça... mais ça m'intrigue ! Je sais que le groupe considère la majorité des morceaux de l'album comme inachevés, ou des sortes de demos deluxe pour des titres comme Miami, de mémoire, ça ne m'étonnerait donc pas qu'ils aient sorti d'autres versions (qu'elles soient vraiment meilleures, c'est une autre affaire...)
- Note donnée au disque :
- nowyouknow › Envoyez un message privé ànowyouknow
J'aime bien Zooroopa, il faudra que je tente. J'avais lu que les nombreux singles étaient des versions retravaillées supérieures, vrai ?
- TribalCrow › Envoyez un message privé àTribalCrow
Légèrement en dessous d'Achtung et du Zoo (demiboule en moins donc) mais ce PoP reste hautement recommandable et fini bien la trilogie Electro de U2. Étonnant d'en lire une bonne critique qui en dit du bien de surcroit ! "Miami" est parfaite à écouter par ce temps caniculaire quand on déambule autour d'une route côtière.
- Note donnée au disque :
- coronavirus › Envoyez un message privé àcoronavirus
He speaks the facts
- Note donnée au disque :
- Rastignac › Envoyez un message privé àRastignac
tu mets une pièce dans le Jaz t’en as pour des jours ahahah!
Message édité le 29-06-2025 à 21:08 par Rastignac