In The Nursery › An ambush of ghosts

‘Dear brother, I’m alone and I’m scared, I’m so scared’… Des gouttelettes de piano, une nappe, quelques notes plaintives de hautbois, In the Nursery, comme personne, savent vous poser un climat, créer des images à partir de musique. Autant ils sont capables de monter dans les tours, de partir dans l’emphase néoclassique (sans jamais céder au kitsch ni au mauvais goût, une vraie qualité), autant ils sont capables de travailler dans l’intimiste, le retenu, le suggéré. ‘An ambush of ghosts’ sonne comme un requiem, un requiem intime. Pour moi qui n’ait hélas pas vu ce film acclamé mais jamais distribué ni sorti en vidéo, c’est comme s’il faisait pourtant partie de moi. Il se focalise sur un adolescent tourmenté ayant vu sa mère tuer accidentellement son frère, laquelle mère sombre dans une sorte de folie suite à ce traumatisme. Le garçon se lie d’amitié avec un autre portant lui aussi le poids d’avoir causé une mort accidentelle. Nul pathos, c’est une tristesse quotidienne qui nous est ainsi partagée, troublante, dérangeante presque, visiblement à l’image du film dont le caractère de déséquilibre ordinaire a mis certain/es mal à l’aise. Comment concevoir la vie, un futur ? Peut-on ainsi intégrer à son ADN un tel sentiment d’isolement, de tristesse et continuer ? Je demeure stupéfait de voir à quel point les jumeaux Humberstone en utilisant des sons ultra familiers (piano glacé, carillon, violon, hautbois….) pour qui connait leur carrière parviennent pourtant à tisser de nouvelles visions avec. Très peu de percussions, forcément, car elles ne trouvent pas leur rôle dans ce spleen personnel et pourtant le disque ne lasse pas. L’ajout subtil de monologues extraits du film, la mélancolie tenace, la justesse dans la retenue, quelques fugaces tensions font de ce disque une merveille d'efficacité. Certes la musique suit le rythme du film avec des instants plus intenses, plus émouvants que d’autres mais cette familiarité avec les sonorités de In the Nursery qui réinventent plutôt leurs interprétations que leurs sonorités (‘Sedation 2’, ‘Casus Belli’ reprennent carrément ‘Boy behind the curtain’ peut-être déjà composé alors après visionnage du film ? Idem pour ‘Dear grover’, soit ‘A rebours’) font que l’impression d’écouter un disque des Jumeaux surpasse celle d’un travail suivant un codex externe. Je résumerais même en disant que celles et ceux ayant apprécié la gravité de ‘Sense’ pourraient voir en cette b.o un compagnon intimiste, épuré, qui en aurait conservé l’aspect le plus fantomatique. ‘I feel like I can tell you anything, when I write to you, brother, I can speak to you…’ Espoir ? Fatalité ? Un travail instrumental remarquable des Humberstone