Aujourd'hui je suis d'humeur bruit – jams pour larsens et autres feedbacks, batteries roulées-fracassées, ambiance garage et excès noise. Je m'envoie du sale. Je viens de dévaler la discographie d'Acid Eater – le groupe de rock décalqué/décérébré de Monsieur MASONNA, Madame Angel'In Heavy Syrup et deux autres excités... J'ai envie de quelque chose de plus lourd et long – d'interminable et dérapant, d'aussi bouillant mais qui prenne le temps. Voilà donc, Vermonster. Et ça tombe bien, tiens : il me restait à le chroniquer, ce troisième album du groupe !

Du garage, donc, du noise-rock – des guitares qui braillent, des combats de gerbes d'étincelles ; des reprises tirées de 45t oubliés – ces gens sont des collectionneurs maniaques et facétieux, des geeks du boucan qui se manipule sans gants pour bien choper des saloperies. Du sax, sur deux morceaux – option free-rock autant que le reste, joué stridences et ferrailles. Le chant est toujours aussi abominable – et le chanteur s'en fout toujours autant. Et donc : ça frise ou ça dépasse régulièrement le quart d'heure par piste, leurs facéties.

Vermonster s'amusent – et nous invitent à la fête. Ce noise-rock arrache, oui, mais c'est tout-plaisir, ça file dans le mur sans jamais ruminer, seulement pour la joie du choc et des rebonds – et puis on sait bien qu'on va traverser un coup au moins sur deux, les parois ne sont pas épaisses, au fond (on aurait pas sinon l'impression comme ça que tout nous gueule dans l'oreille). Pas l'Attitude Carnage comme – au hasard – chez Unsane. Pas d'élaborations à la Sonic Youth – c'est tout autant physique que leurs moments les plus physiques, à eux, mais ça ne se pique guère de se concentrer, et quand ça déborde, ça ne semble pas plus que ça y penser.

OK, c'est arty – mais trop instable pour tourner expo, performance à manifeste. Il n'y a pas de place pour ça, c'est trop plein – et pas le temps, non-plus, ça commence à siffler et grésiller et gronder à l'instant où ils mettent les amplis sous tension. On en prend pour une heure vingt – de ce qu'on vient y chercher. On ne se plaindra pas, ensuite, de quelque vertige ou acouphène. On ne se plaindra pas, d'ailleurs. On en prend tout son soûl. On attendra demain pour ce qui est de l'apaisement. Ou encore un autre moment.