Mercyless › Coloured funeral

« Coloured funeral » est un disque qu’on a tous raté. C’est nous les nuls dans l’histoire. Un groupe français, crédible, qui sort un premier album d’un niveau international, qui trouve un contrat chez Century Media, qui ramène Colin Richardson à Mulhouse (il y retournera pour Crusher d’ailleurs, même pas peur) et tout le monde s’en foutait, obnubilé que nous étions par la déferlante de sorties americaines notamment.

Heureusement, le temps trie toujours comme il faut, et suite à son retour en 2013 dans les sphères du death metal, après une longue – très longue – traversée du désert (On en parle de Day Off Sin ?), il semblerait que le groupe trouve enfin la reconnaissance qu’il a probablement toujours mérité. Et ce « Coloured funeral » en fait un bel étendard.

Pour beaucoup il s’agit du meilleur album du groupe. Une version augmentée d’ « Abject offerings », la bonne époque du second album qui fait tout en mieux : meilleure prod’, plus de riffs, plus d’intensité, ca parait simple vu d’ici en 2025, mais ce qui différenciait les bons de la ligue 2 / Nationale, c’était les compos. Et c’est là que Mercyless était vraiment fort, bien plus que Loudblast par exemple. Cet art noir du break bien placé, du blast qui décoiffe, du riff qui sait nuancer entre headbanging pur et solos déjantés. Et il y a cette voix, le Marc Grewe (Morgoth) à la française, j’ai toujours aimé ces voix mediums, non forcées, on peut y deviner les intonations, les intentions, tout ce qui permet à un disque de death metal de sentir le cadavre encore fumant.

Concrètement, il faut bien prendre en compte l’influence américaine sur cet album (Morbid Angel, Death…), dans la multitude des riffs, dans la technicité de ses solos, l’album met du temps à se découvrir, pas trop besoin de chercher à différencier les morceaux ou chercher du filler, ici la constance règne et bon sang que c’est intense ! Le parpaing à l’espagnole quoi.

Difficile de comprendre aujourd’hui ce qui a fait qu’il est passé sous les radars, probablement le pas de chance, le line up qui marche plus, les sorties internationales qui étouffent le marché, le fait d’être un petit poisson dans la mer de Century Media… Pourtant il a vraiment tout pour lui ce disque, formant une sorte de dyptique du death à la Française avec « Abject », inspiré, radical et sincère, difficile d’en douter au vu de la personnalité de son leader Max. Désolé du cliché, mais à ranger à côté de « Enjoy the violence » et « Disincarnate ».