Vous êtes ici › Les groupes / artistes › R › R.E.M. › Green
R.E.M. › Green
- 1988 • Warner bros. records W2 25795 • 1 CD
cd • 11 titres • 41:03 min
- Air Side
- 1Pop Song 89
- 2Get Up
- 3You Are the Everything
- 4Stand
- 5World Leader Pretend
- 6The Wrong Child
- Metal Side
- 7Orange Crush
- 8Turn You Inside-Out
- 9Hairshirt
- 10I Remember California
- 11Untitled
informations
line up
Bill Berry (batterie, percussions, chœurs, bass guitare, mandoline, boîtes musicales), Peter Buck (guitare, mandoline, batterie), Mike Mills (basse, chœurs, orgue, piano, mellotron, accordéon), Michael Stipe (chant)
Musiciens additionnels : Bucky Baxter (guitare pedal steel sur "World Leader Pretend"), Keith LeBlanc (percussions sur "Turn You Inside-Out"), Jane Scarpantoni (violoncelle sur "World Leader Pretend")
chronique
- harième
La lumière, des fois, ça pique. C'est une expérience. Green, dès sa pochette bio-brute, feuilles ou plumes, jaune ou pas : c'est un peu une image d'Épinal indie-pop-rock vert, de prime abord, qui me tient à distance. Dès "Pop Song 89" c'est de la grosse mélodie enfantine qui vient m'coller à la ricaine, en toute stridence buckienne... Un R.E.M. des albums précédents, comme évolué, et réduit façon jus de citron dans mes oreilles, je fais la moue... Stipe qui me passe un plumeau alti-poppy sous le nez, pour me faire éternuer avec sa gnan-gnan-issime "Get Up" (et son micro-break abstract là pour ajouter de l'interrogation à la nunucherie...) Ornemental mais le cucul-la-pralindie-pop... Non non non : messieurs R.E.M., avec toute cette chochotterie, vous devenez quelque peu obscènes. Le passage à la Warner n'a rien à voir. Je me protège en rentrant mon menton, hop, double-menton. Je recule contre le mur sombre et expérimental. J'entends quand même, j'en tends une, pour voir si... Un peu moins intellodébilo, voici voilà "You are the Everything", chanson d'une pureté d'expression assez incroyable, aux airs un peu Yann Tiersen avant l'heure (en mieux), qui ne fait qu'embellir aux réécoutes - "Eviscerate your memory" ? Wow ! Sacré Stipe, t'as des choses à dire, toi, mon salaud... La power pop de "Stand", vient glisser comme un mardi utile... OK, vous dites ? Je vous écoute, mes bons rock-poppeux géorgiens aux tétons sensibles ! Vous voulez donc m'offrir un album pas prise de tête, qui au début me prend un peu la tête - Suzette, ou alouette : c'est kiff-kiff bourriquette. Et me donner du rock alternatif, rock alternatif, du power-indie ? Go ! Non pardon : vert. Où ? Vers là. La sortie, l'éternité, les infinis prés. Pourquoi pas les Limbes... L'album ne faisant que se bonifier au fil de sa track-list, et des réécoutes. Touché par la grâce, à sa façon, magiquement folk, striée de rock sensible. Green, meilleur album de R.E.M. ? Voilà qui pourrait faire mentir le début de ma chronique pour Fables of Reconstruction. J'en suis tout émoustillé. On va refaire la prise, je vous prie, car tout n'est pas si simple du côté de Rapid Eye Movement. La lumière c'est familier, mais c'est compliqué. R.E.M. même quand t'y es habitué, ça peut quand même te chavirer.
La magie revient, oui : elle ne pouvait pas s'en empêcher. Et, alors que je suis sur le point de m'évanouir dans le prairie infinie du Green-land, vient me cueillir cette "World Leader Pretend" sublime, et sa hantise douce, une sorte de country onirique dont eux seuls ont le secret, une folk song de Stipe sous grosse influence Leonard Cohen, mais extrêmement personnel dans son approche de la protest song, avec des accents presque gothiques... fabuleux tout simplement. Un des très grands morceaux de R.E.M. On sent bien que quand il chante "this is my mistake, let me make it good", y a des chances que ce soit pire après. C'est ça aussi qui fait la force dans un morceau de R.E.M. : la noirceur du monde, jetée en bouquets de fleurs. Green me donne aussi une fantastique "The Wrong Child" aux vibrations presque médiévales, puis m'offre la folk matutinale d'une "Hairshirt" plus loin... et ensuite cette putain de gourmandise amère d'"Orange Crush" comme un concentré de leur style pur et mûr alors, en un morceau pop rock choral et tendu, au spleen subtil, sur basse funky post-punk irrésistible... brrr... et des paroles comme du Sodom de l'époque en intelligent, puisque ça cause Vietnam et Agent Orange, c'est du Platoon made in R.E.M., ça, encore de l'œuvre passionnée dans le Vert... Green m'apporte aussi sur un plateau d'argent une incroyable "Turn You Inside Out" et son rock savoureusement rectiligne (c'est d'ailleurs cette bienvenue sensation de linéarité, un comble pour un groupe de rock alternatif, qui est appréciable ici)... Ce vert R.E.M. est mûr, et exprime même le pourrissement, à travers le riff hyper-déprimé de "I Remember California", qui traîne sa carcasse en fin d'album comme un triste spectre de ce que fut le groupe, accompagnant les jeunes du grunge, côté Kurt Cabane, préparant le terrain aux ballades d'un Therapy? sur le mal-aimé Infernal Love... L'angoisse douce du printemps, des bourgeons, de l'éclosion... de la rosée, de la chlorophylle et des berceuses existentielles. Green : le meilleur des deux mondes, le meilleur du jeune R.E.M. indé et le meilleur du R.E.M. adulte mondial ? Une vraie beauté en tout cas. Un album encore dans l'ombre de ses deux puînés, c'est à n'y rien comprendre. On est pas au golf avec Green, non non, mais dans les Champs Élyséens de la discographie de R.E.M. Et c'est un ravissement.
Dans le même esprit, Raven vous recommande...




dernières écoutes
Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Green" en ce moment.
tags
Connectez-vous pour ajouter un tag sur "Green".
notes
Note moyenne 7 votes
Connectez-vous ajouter une note sur "Green".
commentaires
Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Green".
- nowyouknow › Envoyez un message privé ànowyouknow
Alors celui là est assez cool dans son envie sincère et sans détour de proposer de la pop légère et accrocheuse mais on se refait pas : ça reste les moments blagues de cul du dalaï lama entre deux prières et pour chaque Stand il y en a une plus sérieuse qui fait tout aussi bien son effet. En somme même cahier des charges que pour Out of Time qui paraît faire les choses un peu mieux et surtout beaucoup plus facilement. Un des meilleurs REM tout de même.
Message édité le 11-06-2025 à 15:56 par nowyouknow
- dariev stands › Envoyez un message privé àdariev stands
Un disque-ami parfait, amical et intelligent, avec juste ce qu'il faut de lubies... à l'exact mi-chemin entre Stone Roses et Neutral Milk Hotel. Un chemin comme ça, faut avouer que ça serait con de pas y faire un arrêt pique-nique sur le bas-coté. Folk-rock frangipane !!
- Note donnée au disque :
- torquemada › Envoyez un message privé àtorquemada
Citer Sodom là-dedans il fallait le faire ! Et trois fois oui pour « World Leader Pretend » et « Orange Crush ».
- Note donnée au disque :