‘There is a story I’ve been told about the men that don’t get old, if you meet him let Lucifer in your heart’, on remplacerait ‘Lucifer’ par ‘Dieu’ et tout cela sonnerait comme une chanson gospel pleine d’espoir à entonner ensemble autour d'un feu… Tel est le joug du christianisme sur notre société, apparemment une spiritualité positive ne peut mentionner le nom du Porteur de Lumière sans être taxée des pires intentions… Bien entendu, la musique de Melanculia dégage une certaine tristesse mais elle est souvent plutôt douce malgré des textes sans compromission ni pathos. J’aime beaucoup ce disque d’ailleurs, une sorte de rock psychédélique 70’s électrique à la Pink Floyd joué de manière contemporaine, épicé d’une légère touche metal selon les compositions et voilé de spleen gothique avec des paroles empreintes d’un occultisme à la Crawley. Les deux derniers points doivent beaucoup au talent de l’infatigable Nino Sable dont l’interprétation impeccable rend pleinement justice à des orchestrations efficaces mais pas spécialement originales. Si la composition la plus violente, ‘Povoa De Varzim’ fait la part belle à l’électricité, à des vocaux plutôt torturés sur le final, plusieurs compositions de l’album sonnent plus tranquilles mais d’autant plus belles. Nino en parle comme du disque qu’il a toujours voulu réaliser dont il a composé l’intégralité des bases en deux semaines d’intense créativité; la finalisation de l’album prendra, elle, plus de temps, avec le mixage, l’adjonction de vrais instruments, le mastering… Des titres tels que ‘Lucifer’, ‘The secret temple’, ‘Psychonaut’ avec leur feeling 70’s marqué (orgue compris) comptent parmi mes favorites mais quelques éclats plus électriques tels que ‘Black book of love’, ’Message in the bottle’ ou l’ouvertement gothique ‘Zombie’ sont tout aussi efficaces avec leurs tonalités ouvertement obscures. Globalement, l’écriture simple mais efficace des titres me séduit, surtout qu’elle n’empêche pas une véritable recherche quant aux sonorités et aux détails; le reste, c’est le chant qui le crée, la patte Sable marque tous les projets dans lesquels l’homme s’est impliqué. La pochette peut surprendre vu l’ambiance spirituelle baignant le disque mais comme elle représente les parents du chanteur, nul doute qu’elle est liée à cette portée personnelle exprimée tout au long des morceaux. Après nombre d’écoutes, je me suis demandé si le premier line-up de Pink Floyd s’il avait existé à notre époque, fréquenté les cercles goths et était branché luciférien n’aurait pas eu envie de produire un tel disque en compagnie de David Bowie ?