Parfois, j’aimerais être riche… Pas pour aller me faire chier dans la froideur anti-écologiste et capitaliste de Dubaï ou m’acheter un appartement avec piscine dans une tour sans âme mais pleine de verre et de béton, non, non, pour notamment dénicher et rééditer cette masse de groupes géniaux n'ayant laissé qu’une trace sur K7, un support bien fragile et aléatoire dont je n’ai jamais trop compris le retour en grâce si ce n’est son bas coût et sa facilité de multiplication. Crystal Reign est de ceux-là. Découverts sur une compilation, K7 justement, avec un titre dont je ne me suis jamais remis (Judas Christ'). Apparemment le groupe est anglais et tout ce qu’il nous reste d’eux est cette compilation de leurs trois démos avec deux inédits et croyez-moi, c’est bien dommage. Prenez la fougue de Children on Stun, ajoutez-y un chant plus batcave (pas si éloigné d’un jeune Peter Murphy), des guitares plus sombres et un usage malin du synthé et vous aurez une idée. La première qualité du trio et non la moindre est un sens aigu de la mélodie, servi à merveille par la performance investie de son vocaliste, la seconde, un mélange parfait de noirceur et de dandysme à l’ancienne et enfin des arrangements intelligents même si, hélas, il est évident que Crystal Reign n’a pas pu aller au delà de la qualité démo dans ses enregistrements; de bonne qualité certes mais démo quand même. Les Anglais optent pour une programmation pêchue, des guitares costaudes au grain râpeux (rien de froid) mais jamais figé, complètent avec des claviers fantomatiques jamais naïfs et une dose de savoir faire (les notes orientales de l’intro de ‘Dream on’, la touche épique de ‘Oceans’, l’ambiance rituelle du fabuleux ‘Judas Christ’…). Franchement, cette compilation est un tel régal qu’il est difficile de ne pas en rêver en qualité pro. A moins d’un miracle, il faudra s’en contenter ainsi. Oui, j’aimerais être riche et rééditer tout ça, ce groupe avait clairement de quoi enterrer d’autres formations mieux diffusées.