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Ayuo › Izutsu

cd • 15 titres • 63:03 min

  • 1Taiyo12:38
  • 2Ama No Umi2:25
  • 3Lament6:29
  • 4Izutsu 12:35
  • 5Izutsu 21:59
  • 6Izutsu 32:00
  • 7Izutsu 42:29
  • 8Izutsu 53:26
  • 9Izutsu 63:28
  • 10Izutsu 77:34
  • 11Izutsu 84:44
  • 12Izutsu 92:31
  • 13Izutsu 105:16
  • 14Izutsu 112:38
  • 15Izutsu 122:48

informations

Enregistré par Watanabe Yatuka. Mixé par Watanabe Yatuka et Ayuo.

line up

Ayuo (harpe celtique, vielle à roue, sitar-guitare, dharma vina, psaltérion), Nakamura Hitomi (hichiriki sur Izutsu), Yagi Michiyo (Koto sur Izutsu), Makiko Sakurai (voix shōmyō, arrangements pour ryūteki, hichiriki et shō), Sasamoto Takeshi (ryūteki), Tono Tamami (shō sur Izutsu), Ito Ayumi (chœurs sur Izutsu), Tsukagoshi Hiroko (chœurs sur Izutsu)

chronique

Les histoires se transmettent. Elles changent avec les époques – et celles et ceux qui les racontent, les transportent. Comment font-elles, alors, pour rester leur seule et propre vérité, voix, propos ? Qu'est-ce qui reste de leur substance – qui les empêche de tourner complètement apocryphes ? Parfois celui, celle qui conte, est saisi, touché.e – et décide que c'est assez pour reprendre le fil, donner sa version sans nier les questions, faire croire que rien n'y entrerait de son époque, de son lieu.

Ayuo Takahashi – compositeur et instrumentiste, né à Tokyo mais grandi à New York ; fils d'un compositeur japonais contemporain, élevé ensuite par sa mère et un beau-père d'ascendance iranienne, amateur de musiques persanes classiques – s'empare ici d'un thème dramatique, d'une de ces histories d'amours et de fantômes qui font le fonds des légendes. Un récit qui remontrait au dixième siècle, transposé bien plus tard par le dramaturge Zaemi pour le théâtre nô. Ému par ce conte, conscient, aussi, de ce qui le sépare de la culture qui l'avait vu naître – plusieurs centaines d'années, un océan et une génération, au moins – l'homme décide d'écrire pour un effectif particulier. Une chanteuse shōmyō (un type de chant liturgique bouddhiste). Les vents et les chœurs d'un ensemble de gagaku (musique et orchestre introduits au Japon, depuis la Corée et la Chine, vers le huitième siècle). Un koto (joué par Yagi Michiyo, musicienne elle aussi bien versatile). Et lui-même, jouant des instruments à corde exogènes ou composites – vielle à roue, psaltérion, sitar-guitare...

Izutsu – le présent cycle – n'a rien d'une tentative hybride, pourtant, d'un collage. C'est une œuvre singulière, à la cohérence étonnante, dont la profondeur ne cache pas ce qu'elle doit aux artifices, aux partis-pris, aux mises en perspective – raison même, sans doute, qui fait que rien n'y sonne faux, rapporté, mal traduit. Les trois plages hors-cycle qui introduisent le disque, donnent le ton – grave, crépusculaire, élégiaque. Une tension flottante, une lumière diffuse, faible, mais où tous les contours se découpent, nets jusqu'à sembler des hallucinations.

Ce sont, en fait, des visions.

Et les douze tableaux d'Izutsu – l'histoire, le récit repris – nous plongent complètement dans cette atmosphère, ces remous lents et longs, puissants mais d'apparence parfois presque immobile. La matière, les textures et lignes des flûtes et orgues à bouche glissent, se nouent, s'égaillent – complexes de timbres, d'harmoniques en nuages aux charges exactes. Les cordes, en solistes, les voix du chœur, chantent et jouent une mélodie, un thème récurrent – remis à l'identique, quant à la forme, l'exposition à tel ou tel point d'un tableau, base de variations, improvisations, canevas tissés et fils enroulés/déroulés sur son axe simple, gracieux. L'histoire chemine – sereine d'allure, une tristesse pénétrante, pourtant, qui en émane – le sentiment d'un lien irréfragable entre les voix, les ombres qui y passent, et celui de la rupture d'un monde à l'autre, entre vivants et morts. Tout est très beau. Tout semble évident. Tout demeure autre – cette langue, pour nous, ce puits où se retrouvent les amants , par-delà l'irréparable. Tout semble familier mais indéfinissable, irréductible à ce qu'on y reconnaît, ce qu'on y soupçonne ou devine, même à ce qu'on y ignore.

Ce sont des visions. Ce sont des poèmes. Ce sont des chansons et des rhapsodies – populaires, savantes, immémorielles et inventées, trouvées. C'est une version, ce qu'Ayuo en comprend – ce qu'il veut en dire. Il ne s'y prétend pas seul, je crois. Ni lui ni sa musique, ici, ne semblent clamer qu'ils seraient plus que ça – une chose redite à sa manière, transitoire, circonstanciée. Ça rend riche cet ouvrage – foisonnant mais compacte, d'une pièce et non-verrouillé. Ça se dévoile et s'enveloppe, se voile et se déploie, sans rien perdre ni s'alourdir, à chaque nouvelle écoute.

Très bon
      
Publiée le lundi 12 mai 2025

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