Beastie Boys › Root Down

Pour ma 100ème, et comme la 200ème n’est jamais sûre, je voulais parler d’un disque cher à mon cœur. Let There Be Rock est sans aucun doute l’album que j’écoute avec le même plaisir depuis le plus longtemps mais on est sur Guts donc j’ai un joker : les Beastie Boys. Groupe le moins sombre du monde mais pas avare en expérimentations, ils ont sorti une grande quantité de formats courts avec, typiquement, un ou deux extraits d’albums, des inédits, des remixes et des lives. Parfois simples bricolages à l’intérêt limité mais le plus souvent véritables bombes dont on pourrait farcir trois compilations, ces morceaux n’étaient pas simples à trouver dans ma province, avant internet et les dernières rééditions, à l’exception de ce qui fut intégré dans Sounds of Science. Béni soit Gibert qui me fournissait en Beastie : voici le Root Down EP. Certes, il n’a pas le foisonnement créatif des EPs de la période Paul’s Boutique qui sont, d’assez loin, les meilleurs. Néanmoins, on a là trois versions de Root Down dont le désormais classique et massif Free Zone Mix produit par The Prunes, des Danois qui font du son à la Showbiz et seront à la baguette de l’excellent et tout aussi massif remix de Sure Shot (dont on retrouve la boucle dans la version live de Time to Get Ill ici présente). La suite est délectable : sept titres enregistrés en concert quelque part en Europe en 1995. Mix Master Mike a fait un bien fou au groupe en concert à partir de 1998 mais ces tournées Check Your Head/Ill Communication ne cessent de me faire rêver. Les sapes, le grain de la VHS, l’énergie, les tubes immortels, des artistes encore très jeunes qui veulent être Minor Threat, les Meters et Run DMC en même temps. J’aurais voulu y être. J’y fus en 2004, dans un concert bruxellois parmi les plus fous que j’ai pu vivre, quelques jours après la mort de Dimebag Darrell qui ajouta une touche crépusculaire à ce XXIe siècle un peu naze. Ces sept titres, qui furent pendant longtemps les seuls auxquels j’avais accès, se concluent sur une version bien perchée de Something’s Got to Give, émaillée de ces bruits qui me sont familiers puisque j’avais un petit hélicoptère rouge avec plein de boutons qui produisaient moult sirènes et blip-blip qui devaient donner envie aux parents d'avaler les piles. Ah Nostalgy ! Ah humanity ! Chro-vie, oui oui mais, « objectivement », qui n’aurait pas envie d’acheter à la seule vision de la pochette, la plus classe du monde beastique. Elle jure un peu au milieu des hamsters géants et autre blagounettes qui couvrent les autres EPs. En costard ou en baggy, la vie en Beastie est bien plus jolie. Youpi !