Vous êtes ici › Les groupes / artistesWWire › Send

Wire › Send

cd • 11 titres • 40:20 min

  • 1In the Art of Stopping
  • 2Mr Marx's Table
  • 3Being Watched
  • 4Comet
  • 5The Agfers of Kodack
  • 6Nice Streets Above
  • 7Spent
  • 8Read and Burn
  • 9You Can't Leave Now
  • 10Half Eaten
  • 1199.9

informations

line up

Colin Newman (chant, guitare), Graham Lewis (guitare), Bruce Gilbert (basse, voix), Robert "Gotobed" Grey (batterie)

chronique

  • machine rock / robot reboot

Rebattre les cartes. Revenir sous sa forme la plus directe, la plus basiquement accrocheuse, et avec une pochette qui ne croyait pas si bien dire en 2003. Avant-gardistes, Wire, peuvent pas s'en empêcher ! Send ou la Deuxième Réactivation, après dix ans d'hibernation. Résurgence du drapeau rose en 2000, remix bourrin de "12XU" pour s'amuser en 2001, puis confirmation d'un retour avec deux mini Read & Burn en 2002 - et ça suivit assez naturellement avec cet album extrêmement dynamique, de façon minimaliste, monolithique. Un retour frontal, sec, raide. ROCK. Et industriel aussi, tout aussi abruptement. Un album à la tension totale, omniprésente, malgré le côté souvent doucereux du chant de Newman (enfin au début), comme en décalage new wave sur les guitares abrasives de Lewis et lui. Une sensation de flux qu'on rattrape, qui nous attrape, dès le premier "tap" de batterie, pas un de plus nécessaire, dès la première seconde, et puis tout à la suite s'enchaîne, très solide, mais très liquide... Jusqu'à donner franco dans l'approche catchy-pop ("Being Watched") comme s'ils voulaient faire la nique aux White Stripes entre autres petits malins et peut-être aussi à Marilyn Manson (!), ou avec la butor à mort "Nice Streets Above" dans du son robot-rock - désolé Josh Homme ; pardon Daft Punk (ou pas, en fait). L'ancêtre avant-gardiste Wire revient frais comme un gardon, à une forme d'énergie rock brute - sans nul doute la plus radicale depuis son cultissime Pink Flag (ne fut-il pas un message assez clair, ce mini à rehearsal tapes The Third Day ?) Rappelant au passage cette fameuse déclaration de Colin Newman, musicien fidèle à sa gueule : "takes the axe to 'rock n roll' and leaves the 'n roll' part out".

Car ici point de 'n'roll, même si ce Wire deux-mille trois point zéro déroule du gros câble, et pisse dans la stéréo en copeaux à la fois hyper-hachés et ultra-fluides ("Comet"). Wire se montre énergique comme jamais. Comme si cette décennie de silence post-électronique les avait tendus à fond, gonflés à bloc, pour de l'électrique. Send fuse, donc. Rectiligne, hypnotique. Tant et si bien que quand le rythme freine sur la bien nommée "You Can't Leave Now", c'est comme une poisse pixellisée qui nous saisit. Atroce. Jusqu'à cette "99.9" à peu près aussi définitive qu'une "Frankie Teardrop" le fut pour Suicide, final total. Wire est désormais ce groupe de rock pour les humains qui s'abrutissent en attendant la mort, vivent et travaillent par ces gestes répétitifs qui les transforment en robots de viande. Devant leurs écrans... Derrière leur poste, leur fonction. Réification en action, défécation de l'âme par la machine-reine. La vie dans le béton. Les rotules, les soupapes. Sang coagulé, huile moteur. Le rock devient un truc usiné à la chaîne, les riffs et les refrains des objets alignés, dans un flux à la fois aseptisé et rugueux. Wire est désormais ce truc mécanique et maniaque, à la hargne congelée, aux nerfs branchés sur secteur. Mouvement métronomique et millimétrique, charriant dans le sillage de son horlogerie de subtils relents de science-fiction dystopique. Notre réalité. Wire est désormais ce groupe dont la touche "indus" est aussi réelle que ce doigt dans le trou carré du CD qui est celui de la pochette - sans même parler de l'influence de plus jeunes qu'eux sur leur musique, palpable plus loin que la voix défigurée façon "Wardance"/Ministry nineties, là où il faut. Juste retour encore, et réponse du Wire à la bergère (puisque "Thieves" de Jourgensen s'inspirait de Wire...) Ces gens très intelligents font mieux que personne de la musique bête, mais foutrement efficace, dans le sens le plus mécanique du terme. À se taper la tête contre les murs - comme on tapote sur nos écrans lisses et froids, jusqu'à la nausée.

Très bon
      
Publiée le vendredi 2 mai 2025

Dans le même esprit, Raven vous recommande...

dernières écoutes

Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Send" en ce moment.

tags

Connectez-vous pour ajouter un tag sur "Send".

notes

Note moyenne        7 votes

Connectez-vous ajouter une note sur "Send".

commentaires

Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Send".

Raven Envoyez un message privé àRaven
avatar

Débat "proto Post punk & post kraut rock" dévié sur le forum et topic dédié...

https://www.gutsofdarkness.com/god/forum.php?sujet=23699

Copier-coller...

Send

Note donnée au disque :       
Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor
avatar

wah les pages en effet, ça devient moins lisible qu'une journée de discord. réécouté, c'est vraiment une expérience, et pas si longue tellement ça blitz entre les morceaux. je trouve intéressant et courageux le parti pris de faire un tout très homogène, où les petites variations ressortent plus (et c'est pas pour relancer sur le kraut...)

Note donnée au disque :       
Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
avatar

Oui, Cromagnon, j'avais développé (un peu trop peut-être, je me dis à la relecture) ici pourquoi je trouve la réputation de "point zéro de l'indus" un peu... trompeuse plutôt que surfaite, disons. Je trouve que ça fait aussi, et avant tout partie d'une autre, hum... "Culture" ? Oui, en fait - d'une vision, approche très propre à la contre-culture Beat/psyché/freak américaine, à cette époque particulière (la deuxième moitié/la fin des années 60).

Ça n'enlève d'ailleurs pas de pertinence aux rapprochents que tu peux faire, Gouzi - avec les débuts de l'indus versant Throbbing Gristle, notamment, groupe issu nettement de milieux "art conceptuel" nettement et assez directement lié à cette contre-culture (avec en effet le Velvet comme possible "point de basculement/d'articulation") mais... Et bien j'ai toujours trouvé aussi que ce rapport avait quelque chose d'ambigu. Au sens où l'indus, et une partie du punk et du post-punk, tout en reprenant certaines idées issues de cette contre-culture, en rejetait aussi un certain esprit, haïssait clairement ce que c'était devenu, l'attentisme baba-cool, la contemplation mystique comme simple confort ou guère plus...

Ce qui fait en somme que l'indus et la partie la plus arty (je ne dis pas ça dans un sens négatif) du punk/post-punk reprennent en en changeant "l'orientation" une partie de ce qu'avaient amené beats/freaks/hippies/etc., Y COMPRIS - tu parles des mantras, par exemple - ce qui chez eux relevait déjà d'une interprétation d'autres cultures ("l'hindouisme" ou "le bouddhisme" vus par les Beatles, Santana ou même Coltrane, épouse ou mari... c'est déjà une version du "texte" assez différente, pour ce que j'en sais, de celles, déjà assez nombreuses et contrastées, qu'on trouvait, qu'on trouvera en Inde ou ailleurs en Asie, où ces religions/spiritualités/philosophies, appelez ça comme vous voudrez, sont nées et se sont développées).

Pour en revenir au kraut et aux punks, sinon, on pourrait aussi parler d'influences plus directement britanniques - Hawkwind, qui par certains aspects étaient assez proches de certains de ces groupes allemands (il me semble même qu'ils ont partagé au moins un membre avec Amon Düül II), de gens moins connus comme Here and Now - tous ceux là faisant aussi le lien avec un milieu prolétaire/industriel au sens sociologique, une sphère politique (anarchiste) où se retrouveront aussi une partie des punks (la vie en communautés/squat, l'activisme pendant/en parallèle avec les concerts, l'organisation de concerts gratuits comme cinq ou dix ans avant en Californie...).

Histoire assez inextricable, en fait, et dont on pourrait encore deviser longtemps !

Mais... Déjà là, on commence à être depuis un peu longtemps un peu loin de l'objet dont c'est ici l'espace commentaires ?

Gouzi Envoyez un message privé àGouzi

Pas très connaisseur du cheminement de l'indus mais Neu, Can et Kraftwerk ont dû avoir un gros impact.

Le coté "mantra" qui vient de religion hindou, et amorcé par entre autre par Tommorow never knows des Beatles ( qui aurait impacté le Velvet Underground si je me souviens bien avoir lu ça quelque part) doit aussi avoir eu son impact sur l'indus.

sinon il y ce truc aussi loufoque que précurseur de 1969 texte du lienhttps://www.youtube.com/watch?v=kEeNOLWIPK0&list=PLG-InimcgCwPC4gSenayb7Fw_CNn0dzc5&index=1

Les Smiths ? Non, rien à voir. Morrissey il évoluait dans quelque chose de plus purement anglais et lyrique, peut-être même une volonté de rupture avec la dimension industrielle et politico-sociale du Manchester de l'époque ( idée qui me vient)

Après, c'est sûr que la dimension industrielle au sens travail et économique a impacté la scène post-punk. D'ailleurs un punk racine historique croisé sur un forum et bien au courant avait lancé que le punk avait été pour beaucoup une réaction contre le travail à la chaine...

Message édité le 06-05-2025 à 13:38 par gouzi

Raven Envoyez un message privé àRaven
avatar

How Soon Over Babaluma is Now ?

En tout cas influence du kraut sur Wire : oui. Et ce depuis Pink Flag. J'avais senti du Neu! ici, par ex, dans ce son motorik-rectiligne, et pas été surpris de découvrir que Graham Lewis vénérait les deux premiers...

Killing Joke aussi d'ailleurs, ont bien été marqués par le krautrock (et ça se ressent pas juste parce qu'ils ont bossé avec Conny Plank)...pas mal de punks/post-punks en fait, probablement, Lydon en tête comme le rappelle Dioneo...

Note donnée au disque :