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Wir › The First Letter

cd • 12 titres • 55:00 min

  • 1Take It (For Greedy)
  • 2So And Slow It Grows
  • 3A Bargain At 3 And 20 Yeah!
  • 4Footsi - Footsi
  • 5Ticking Mouth
  • 6It Continues
  • 7Looking At Me (Stop!)
  • 8Naked, Whooping And Such-Like (Extended On And On)
  • 9Tailor Made
  • 10No Cows On The Ice
  • 11A Big Glue Canal
  • Bonus édition CD
  • 12So And Slow It Grows (Single Mix)

informations

Il existe un remix (original) de "Take It" par LFO, sur le single dédié.

line up

Colin Newman, Graham Lewis, Bruce Gilbert

Musiciens additionnels : Claude Bessy (spoken word sur "Naked, Whooping and Such-Like (Extended On and On)")

chronique

Wir = Wire, moins un membre. Robert Gotobed est finalement allé au lit, se sentant en trop dans cet environnement électro. Le batteur parti = la dernière lettre qu'on retire du nom de son groupe, geste assez élégant il faut bien le dire. Petit détail cependant : l'album porte le nom de la première... qui est un W formé d'un 3 couché, car les musiciens ne sont donc plus que trois. Ajoutons que "Wir" = "Nous" en allemand. Fascinant, non ? M'enfin tout ça pour dire que même dans une pochette aussi vide, y a matière, avec Wir(e)... tout comme dans cette musique d'apparence bidulesque où viennent se lover des mondes, qui aux écoutes répétées se révèlent, dans leurs teintes uniques, leurs atmosphères interlopes. Le futur du début des années 90, version Wire... Oui... Cette curieuse Première Lettre, sous ses airs a priori anodins/anecdotiques, a lentement mais sûrement conquis mes pénates. J'ai développé une douce addiction à cette petite chose oubliée. Grâce à son ambiance tranquillement envoûtante, cyber-ouatée, et disons-le carrément : onirique. Parfois comme issue des songes mélangés d'un replicant, ou d'un parent lointain du Wire rock, qui lui répondrait par les canaux informatiques - puisqu'après tout le groupe entame avec une version de l'avant-gardiste "Strange", comme un autre couloir temporel dans cette discographie truffée de connexions ésotériques entre les époques/objets... mais c'est pour mieux tromper son monde, peut-être. Enfin, le peu d'oreilles parvenues jusqu'ici, dans cette drôle de dimension.

Il faut se laisser dériver dans ces nappes synthétiques troublantes - et parfois subtilement sublimes, mine de rien. Ne prenez que les délicieux relents de FLA soft sur "Footsi - Footsi" (faux titre à la con en référence à la bourse londonienne, pour un de leurs meilleurs morceaux sur le capitalisme) ou l'electro-cold wave d'une "Ticking Mouth", sorte de house-ambient aux fines touches industrielles, avec cette diction neurasthénique de Bruce Gilbert, lui conférant un effet quasi scornien. Et bien sûr le "hit single" inconnu de l'album, chanté par Graham Lewis façon Depeche Fade : cette "So and Slow it Grows" fabuleusement tiède, presque aussi smooth qu'une "Sweet Harmony" - ce que Wir(e) auront fait de plus proche d'un tube eurodance... et un assez bon descriptif de l'effet First Letter. De la pop un peu, donc - avec toujours un peu de New Order façon Wire, sur "Tailor Made" - mais surtout des expérimentations inspirées, souvent immersives l'air de pas y toucher, car Wir joue les timides, y va à tâtons... mais y va, vers ce nouveau monde mystérieux. Sous sa réputation de pur produit d'outsiders has been, The 1st Letter est vraiment l'un des albums les plus singuliers du groupe. Wire y usant pour tisser sa toile (...) d'ambiances éthérées et de savoureuses incongruités (qu'est-ce donc que cette "Naked, Whooping and Such-Like" avec ce long speech surréaliste-perché de l'inénarrable Claude "Kickboy Face" Bessy ? Est-ce Lemmy Kilmister qu'on entend samplé sur "No Cows on the Ice" ?) Il y a même dans leur approche parfois, quelque chose de similaire à ce que pouvait faire Coil sur cette fascinante "Windowpane" de Love's Secret Domain... Mais ce disque a son ambiance rien qu'à lui, jusque dans ses imperfections, son côté prototype-peaufiné à la Wir.e.

Reste que malgré un usage de sonorités early-90's déjà "en vogue", je n'y entends pas du tout un disque opportuniste mais explorateur, et je ressens encore moins un groupe sur le déclin ayant envie de rester dans le coup (comme j'ai pu le lire ici ou là) mais bien une réponse de musiciens curieux et ouverts sans inhibition, à un nouveau monde musical en émergence, à cette époque des nineties naissantes, côté scène électronique. Tout autant qu'une déclinaison de son univers par le prisme d'une musique où a déjà bien fait son lit une forme de science-fiction, qui refera surface douze ans plus tard sous forme rock et brutale avec Send. Entre temps Colin Newman montera son label techno/electro, continuant à sa façon... On est bien avec Wir dans une autre phase, une autre dimension de leur univers cryptique, même si le groupe n'a pu s'empêcher d'y incorporer un peu de post-punk ; mais cela n'arrive que par une espèce d'écho ou d'accident : Wir s'arrêtent en plein mouvement "automatique" sur "A Bargain At 3 And 20 Yeah!", comme pour dire qu'il peuvent encore le faire très bien, ce truc-là, mais que ça ne les intéresse plus à ce moment de leur vie... C'est bien l'usage de sons de synthétiseur laiteux, d'un mix aussi amateur qu'atypique et de ces deux voix détachées mais polymorphes (le brillant Graham Lewis surtout) qui contribuent à plonger comme dans un état second. Un de leurs albums les plus étranges, vraiment, délicieusement imparfait, flottant dans un coin paumé de cette drôle de discographie. À part, et plus si affinités.

Très bon
      
Publiée le vendredi 2 mai 2025

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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Bien vu, Happy Mondays... J'étais parti côté electro-dark-indus et tout, mais y a évidemment des liens à faire côté Manchester.

Note donnée au disque :       
Pielle Envoyez un message privé àPielle

Les petits relents Happy Mondays sur "Footsi-footsi" sont délicieux. Je suis entièrement d'accord avec le chroniqueur, c'est un album à part dans leur longue discographie et en même temps on sent en de nombreux endroits que c'est un disque de Wire avec ou sans le e final, electro au pas ces gusses savaient produire une musique avec des tics, obsessions et une pâte bien à eux.