Il peut sembler incongru voire saugrenu de lier Suicide et Depeche Mode mais quand on parle de Other-ed, le début de rictus s’estompe. Saisir l’esprit de concision, la pêche des premiers, y adjoindre la richesse de composition des seconds avec quelques touches mélodiques à la Kraftwerk en complément permettra de cerner les contours d’un projet qui aime tout sauf se répéter. Moins rêche que son prédécesseur, ‘Until are all free’ joue la carte du dansant entre froideur et chaleur. Le travail sur les sonorités est remarquable, Laur manipule les circuits des machines au confins du robotique (‘Derealized’, ‘Lonely tears go dry’) sans jamais céder à sa facilité puisqu’il parvient toujours à y injecter deux ou trois sonorités plus amples, moins sèches, un poil plus sombres même. Le chant s’est également développé, s’utilise comme son propre alter ego au travers d’une production méticuleuse et maitrisée quant aux effets utilisés. Comme Martin Gore, Laur Veglam vient de l’électrique et de l’acoustique, ce qui s’entend dans nombre d’éléments: la qualité des rythmiques, simples en apparence mais truffées de détails, renouvelées sur chaque chanson, le potentiel mélodique fort bien qu’il ne cède jamais à une quelconque facilité, les agencements judicieux et la diversité des ambiances qui tout en demeurant dans une réelle cohésion permettent à l’album de s’écouler sans la moindre lassitude. Spectres 80’s et esprit résolument moderne se côtoient donc dans cette galette sophomore conjuguant grammaire du corps et travail de l’esprit car des messages, il n’y a pas que le punk ou le hip hop qui soient capables d’en véhiculer. Musique à plusieurs niveaux de lecture, la dark wave de The Other-ed prouve que le genre a de belles choses à offrir à notre époque et pas uniquement de la nostalgie.