Rasoir, ce Wire encore une fois en avance sur son époque (ici par le titre d'abord) l'est très certainement. Même si je me dis qu'il mérite mieux que sa réputation de navet wirien (wire-rien ?)... Wire n'ont en réalité jamais fait de vraies merdes, il est bien de le rappeler. Au pire des merdouilles sympathiques. Même vide : y a de la matière dans leur musique. Même quand leur musique tourne en rond, elle a ce côté polyèdre. Et même loupée... elle est d'abord loopée. Popopop ! Destinée à tourner en boucle en fond de boutique de disquaire, plutôt qu'à être écoutée attentivement. Ouais... Au pire, Wire, ça bidulise, ça s'auto-phagocyte dans un mouvement circulaire... un peu obsédant parfois, sans gros risque d'addiction cependant si on parle de leurs années d'errance dans les clubs. Mais ça reste toujours unique. Même dans le transparent-singulier comme ici. Y a du rugueux via guitare, sur "Stampede", d'jà... Puis bien vite c'est de boucles, dont Fil veut nous parler... Un Wire beaucop trop auto-indulgent ("What do you see" - à écouter idéalement comme un truc entre Scorn et Pet Shop Boys, mais si c'est facile vous allez voir, même si ça ne fera pas tout). Il y a de furtifs beaux moments : par exemple la new wave déjà anachronique d'une "Other Moments", insolite et familière. Des moments d'avant-garde tranquille, qui me font me demander si Wire avaient auraient pas aussi un peu préparé le terrain à Radiohead, autant que le U2 d'Achtung/Zooropa ? Je ronronne à cette idée, comme un critique musical désuet. Je réajuste mes lunettes, me redresse dans mon siège, et relève quelques moments de flip léger aussi, comme cette épatante "Torch It" et ce chant qui évoque une sorte de Marc Almond hargneux. Wire dans leurs moments d'expressivité over-the-top, rares donc d'autant plus appréciables... Contraste assez saisissant avec la douceur nunuche d'une "Morning Bell", aux relents Japan tardif voire synth-pop nipponne. "Children of Groceries" marquant quant à elle le retour de ce foutu chant à la Scott Walker, qui va si bien dans cette sauce, jusqu'au final atmo-electro-sphérique de dix minutes... qui tourne, tourne, tournicote, et me fait dire qu'au final, ben ce disque sert à rien. Mais qu'il est certainement l'un des plus bizarres de Wire. Et que l'archiver a un peu été comme trier mes papiers. Pas vraiment une activité de loisir.