Si les Sisters of Mercy ont été un cas à part dans la scène goth primitive au point d’y établir leur propre quartier avec filiation et tout le toutim, c’est qu’ils n’ont jamais été punk alors que le genre en découle; il n’est d’ailleurs pas rare que nombre d’amateurs de cette frange-là symbolisée outre les Soeurs par les Fields of the Nephilim soient fans de metal bien plus que de punk. Andrew Eldritch n’a-t-il d’ailleurs pas toujours affirmé qu’ils n’étaient rien d’autre qu’un groupe de rock ? L’intéressant avec les Autrichiens de Kiss the Blade est qu’ils opèrent une forme de fusion entre l’aspect brut du punk et une certaine recherche mélodique magnifiée comme jamais par les Sisters of Mercy. C’est flagrant sur la guitare très influencée goth rock, on y retrouve le son noir et métallique typique des Anglais, alors que la basse se veut beaucoup plus rêche et méchante, idem pour le chant et la boîte. Cet aspect m’avait d’ailleurs surpris à la découverte des Autrichiens au départ des 90’s et pourtant leur premier Ep sonne peut-être finalement comme mon opus favori. C’est qu’il faut savoir fouiller sous les couches pour les découvrir, les savourer, ces putain de mélodies, affronter le ton rauque et colérique de Paul Cuska dont le look résumait bien la démarche: crête, barbichette, perfecto à badges et collier Sisters of Mercy. A l’image de leurs compatriotes de Whispers in the Shadow dans un registre un peu différent, Kiss the Blade ne sont pas de ceux qui pondent spontanément du tube alors que tous les éléments sont en place. Allez, je me lance, ce premier EP pourrait représenter une sorte de fusion entre l’esprit de Killing Joke (certains passages dépotent sévère, comme sur ‘Day X’) et celui des Soeurs. Je n’en étais pas spécialement conscient à l’époque, aujourd’hui si et, une fois n’est pas coutume, c’est le splendide et glauque instrumental final qui emporte l’adhésion de la touche ‘repeat’.