Wire › Object 47

Qui intitule son album "Objet 47" ? Les autistes Wire, bien sûr ! Allez, faut se raccrocher à quelque chose, alors je vois cette pochette aussi minimaliste que celles de Pink Flag et Chairs Missing, et qui me rappelle un gros château d'eau local sur lequel je "tripais" petit. Je croyais que c'était un genre d'OVNI installé incognito dans les architectures urbaines, à la Men in Black. Qu'un jour peut-être il allait décoller ; ou alors qu'il allait jamais décoller, puisque les aliens qui le pilotaient étaient depuis longtemps cannés, autopsiés, rangés quelque part dans une zone 51. Ou 47. Enfin c'est un peu ça, Wire : un OVNI incognito. Un OMNI rock (mais sans ostentation expé-arty-nawak). Et qui décolle jamais vraiment... mais qui dès le poum-tchak suffisant comme ça d'une "One of Us", me capte avec sa manière abstraite, me turlupine le boulon mal vissé à l'arrière du casque avec sa matière guitare-voix-batterie au rythme parfait au chant lisse à la guitare banale mais DIFFÉRENT, me maintient à sa musique par un magnétisme diffus. Jusqu'à ce featuring LOGIQUE, celui de Page Hamilton, fan comme on peut s'en douter, sauf que je réalise comme un con et que maintenant l'évidence de cette filiation Wire-Helmet ! Final propre d'un Wire vieux mais frais, réactivé en 2003, et revenant cette fois - sans Bruce Gilbert hélas ! - pour faire sa musique avec moins de mordant indus que sur l'extrême Send, juste en étant plus posé et plus mélodique à la fois. Avec un son quand même très rock, plus épais que celui de sa jeunesse punk-post-punk qu'il re-convoque, ré-évoque - et non révoque (vous lisez une chro sur Wire)... mais sans trop en faire. Jamais. Même sans être trop alternatif, tiens. Juste un son de rock intelligent tout nu, à l'image de la belle "Four Long Years", ou de cette catchy-conne "Are You Ready?" (pour rappel l'avantage quand on est intelligent c'est qu'on peut jouer au con, l'inverse étant impossible). À la fois in-your-face et en retrait, par un mécanisme dans leur musique qui m'échappe, peut-être m'échappera toujours... Ce bleu parfait du ciel, ce blanc parfait du béton peint, ces ouvertures parfaitement espacées... ce gris jusqu'au noir des ombres, en strates... Un groupe dont l'emprise sur mon humeur est diffuse, mais réelle. Un jour, promis, je vous parlerai de mes troubles mentaux.