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Wire › The Ideal Copy
- 1987 • Mute Records CD STUMM 42 • 1 CD
cd • 8 titres • 33:46 min
- 1The Point of Collapse
- 2Ahead
- 3Madman's Honey
- 4Feed Me
- 5Ambitious
- 6Cheeking Tongues
- 7Still Shows
- 8Over Theirs
informations
L'édition CD de 1987 contient en pistes bonus l'EP de 1986 Snakedrill, et trois pistes live, portant la durée totale à 63:27 (pour la version avec "Ahead II" en premier bonus piste 9)
line up
Colin Newman (chant, guitare, claviers), Graham Lewis (chant, basse), B. C. Gilbert (guitare), Robert Gotobed (batterie)
chronique
Wire ont vraiment un problème avec les pochettes. Celle-ci m'a plusieurs fois fait frôler l'AVC. Alors qu'il y a juste un coussin dessus, hein. Un COUSSIN, bon sang ! Rendez-vous compte, je vous prie. Mais le motif du coussin, hein ? Les clefs du motif du coussin ? "C'est comme ça". Ah. D'accord. C'est un peu ça, l'effet Wire, post-Wire, celui du re-boot synthétique, celui qui en concert ne joue plus aucun titre de ses trois premiers albums... pour mieux en poursuivre la mission absconse. Un bug dans le bogue, un "OH ?!" dans la caboche quand on y regarde de plus près, après avoir senti ce qui clochait. Sous sa réputation de disque accessible de Wire, dilué dans de la pop synthétique à la New Order, The Ideal Copy est en fait l'un des plus sombres et expérimentaux du groupe. Par ces manigances autistiques propres à Wire. Par glissement d'une pop eighties volontairement bancale, à des ambiances d'une bizarrerie profonde.
Par des trompe-l'oreille aux sonorités affreusement datées, telle cette "Madman's Honey" inspirée par le miel hallucinogène (oui ça existe depuis des millénaires ça s'appelle le "miel fou"), assez bonne allégorie de leur musique à ce stade, sucrée et droguée. Et puis après tout, Wire n'est-il pas un groupe psychédélique, à sa façon ? L'aspect angoissant du groupe ressurgit d'abord en filigrane, à travers la production de Gareth Jones, comme sur cette "Ahead" faussement légère, en fait dès son riff sinistre... La fausse légèreté c'est assez ça, ici, sur cet Copie Idéale puant l'antiphrase, un album louche qui révèle d'abord une dimension plus douce chez Wire, des aspirations même séductrices (oui !)... escamotées ensuite par leur indéfectible tendance au tordu. Ces envies de piocher dans les sons à la mode étaient sous-jacentes dans leur musique de Wire, en fait, à travers la fragmentation des personnalités (154 marquait déjà cet éclatement, créativement prolifique), mais elles ne seront jamais que des éléments piégeux. À l'heure de la vague new romantic, Wire se fond davantage dans l'espace sonore, mais pas comme un mime suiveur débile : plutôt comme un prédateur dont le camouflage a les couleurs qui buggent... Et puis tranche net et radical dans l'ambiance pop-Wire, avec la goth-indus et angoissante "Feed Me", creusée comme un puits sans fond au milieu du disque. Radical. Morceau le plus glauque de toute la carrière de Wire, et nouvelle preuve que ces artistes contemporains du post-punk, ces soit-disant aseptisés compassés, étaient capables de faire dans la noirceur absolue aussi. Qui est donc cet antagoniste qui veut être nourri, cette voix menaçante ? J'ai les boules, je les monte de 4 à 5, hop. The Ideal Copy révèle à partir de ce point de bascule, la fascination exercée par Scott Walker sur Wire (il sont loin d'être les premiers, mais rappelons qu'eux semblaient, par moments dur 154, anticiper la seconde carrière - expérimentale - de Scott Walker !) Comme en témoigne le crescendo tordu de la tournerie obsédante "Ambitious", sur frétillement d'effets sonores, un peu leur "How Soon Is Now?" si on veut, où l'étonnant Graham Lewis prend le micro pour chauffer l'ambiance d'une salle dont on imagine les spectateurs captifs.
Pas plus d'explications pour "Still Shows" : une de leurs douces abstractions, sur un dépiautage de lapin possiblement non destiné à la cuisine - oui, c'est Wire. Ou sur ce final obsédant avec ses "over and over" et écholalies onomatopesques finales sur beat electro-indus. Faudra faire avec ça, "c'est du Wire". The Ideal Copy est un disque définitivement retors, aussi expé-singulier que du Legendary Pink Dots (premier nom qui me vient sans réfléchir), et dont l'innocuité de façade des premiers titres dissimule un malaise toujours aussi tenace, qui envahit vite la musique. Celle d'un groupe incapable d'être - ou plutôt farouchement résolu à ne pas être - confortable, même quand il fait de la pop. Même quand il a l'air de faire du radiophonique et rien de plus. Ce coussin décoratif moche est rembourré de matières qui n'ont rien à voir avec le coton. Ce coussin va plus loin que 154. Ceci n'est pas un combo sympa. Ceci n'est pas un coussin.
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commentaires
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- Raven › Envoyez un message privé àRaven
Très content que ça serve ! Et c'est pas fini hein, bien sûr. Stay wired.
En attendant - pour les anglophones - une télétravail-interview avec Graham Lewis, par... CEvin Key. Découvert ça y a quelques jours - https://www.youtube.com/watch?v=iZGNzWSzgPQ. Le papy Lewis y donne un regard somme toute plus enfantin - et sain - sur le cas Wire. Ça évoque Scott Walker et Györgi Ligeti entre autres, mais on a souvent l'impression à travers sa bonne gouaille de rosbif et ses souvenirs de l'époque Pink Flag, qu'ils étaient plus les Rémi Gaillard de la vague punk qu'autre chose haha.
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- ashara › Envoyez un message privé àashara
Merci pour toutes ces chroniques de Wire qui m'ont donné envie de me replonger dans leur discographie.
Message édité le 04-05-2025 à 18:54 par ashara
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- ashara › Envoyez un message privé àashara
Je repars sur la seconde période. Je redécouvre cet album qui est meilleur que dans mon souvenir.
Message édité le 04-05-2025 à 18:54 par ashara
- Note donnée au disque :
- Raven › Envoyez un message privé àRaven
Ardus, lui et Turns & Strokes, ça viendra peut-être avec du Dome si je trouve quels mots coller... Je ferai Changes become us avant en tout cas (lui qui recycle pas mal des morceaux du cheloulive-testament - c'est un des trucs avec Wire aussi ces liens entre plusieurs disques qui brouillent les époques), puisqu'au moins pour la part studio j'ai tout prévu à terme. Quoiqu'il en soit, content que ça serve.
(Là je suis sur The Drill... J'ai connu des moments plus enthousiasmants dans ma vie.)
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- Le Gnomonique › Envoyez un message privé àLe Gnomonique
Elle sont bienvenues ces chroniques de Wire, moi qui me suis toujours limité à la période classique pour des raisons vaguement dogmatiques, je pense que je vais enfin me faire la totale ce week-end. Raven nous parlera peut-être un jour de Document & Eyewitness. C'est aussi une drôle d'affaire celui-là (le disque, pas Raven).