Wire › Snakedrill

Là où Wire a bouffé du Suicide et des machines, sous une pochette assez proto Godflesh, avant sa période plus franchement electro... Là où le groupe, après un hiatus de six ans, se réactive sous forme (encore) plus répétitive, tendance lobotautomatique. À leur reformation, aussi étrange qu'eux, Wire n'avait a priori plus rien à dire de nouveau : Colin a sorti son chef d'œuvre en solo (A-Z > Pink Flag/Chairs/154 en ce qui me concerne et au risque de radoter), Gilbert et Lewis ont créé les entités parallèles expérimentales Duet Emmo et Dome. Le roupe est donc réactivé pour une raison obscure, peut-être juste le besoin de s'amuser (parce qu'ils s'amusent aussi Wire, en fait, si si) avec des bécanes, et du tempo mécanique... Ou se nourrir des projets respectifs de ses musiciens, en commençant sa mue électronique par exemple... En tout cas certainement pas pour faire de la thune. Ni pour qu'on pige quoi que ce soit de plus à son "délire". C'est pas fait pour, Wire ! Le bidule déboule débile, avec "A Serious Of Snakes" annonçant l'ambiance des deux albums suivants, claquant fermement ses "shnake" ("schneck" ?) sur un post-punk à beat minimal. Mise en jambe sans jambes (bah oui, c'est un serpent, faut suivre svp) menant à "Drill" (Drill Drill) étant comme du Suicide coupé au Joy Division, avec des relents zolo assez délicieux. Un truc à faire tourner jusqu'à abrutissement complet, ce qui devrait prendre assez peu de temps (et si ça ne suffisait pas, ils tireront le truc jusqu'au pathologique quelques années plus tard avec l'impossible The Drill). Tournerie obsédée et obsédante, comme cette "Advantage in Height" où on ressent assez bien la filiation entre le Killing Joke jeune et Wire, qui semble avoir un train de retard... exprès, pour mieux raccrocher le wagon avec la génération Madchester, peut-être, tout en faisant un écho malin aux bestioles synthéticorganiques cataloguées par Factory records... Puis fracture de beat sur un quasi a cappella, "Up to the Sun", avec ce chant très Scott Walker de Graham Lewis, troublant, auquel répond un Colin Newman trop près ou trop loin, du vrai mix de punks incurables (n'oublions point que le post punk ne stoppe pas le punk), achevant cet EP-mise en bouche qui reste d'abord une curiosité.