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The Afghan Whigs › Up in It

cd • 13 titres • 45:31 min

  • 1Retarded
  • 2White Trash Party
  • 3Hated
  • 4Southpaw
  • 5Amphetamines and Coffee
  • 6Hey Cuz
  • 7You My Flower
  • 8Son of the South
  • 9I Know Your Little Secret
  • 10Big Top Halloween
  • 11Sammy
  • 12In My Town
  • 13I Am the Sticks

informations

line up

John Curley (basse), Steve Earle (batteur) (batterie), Greg Dulli (chant, guitare), Rick McCollum (guitare)

chronique

Une belle pochette avec une main, sobre et atypique à la fois, c'est bien, ça. Voyez la lueur, le geste : elle tend vers la lumière, peut-être le divin, à la Michel-Ange des bas-fonds, rappelant qu'Afghan Whigs ont toujours été portés vers la transcendance, plus que l'auto-apitoiement ou l'auto-destruction, que leur côté torturé pourtant bien existant à eux, s'incline déjà vers le ciel, la soul... et puis : il y a cette cicatrice, là... Et un album décousu, avec un son de merde Sub Pop versant garage, des chansons difformes en jachère. Mais vif, vaillant. Encore punk mais déjà passionnel ici, bourré d'idées qui débordent. Ambitieux mais avec un budget de pouilleux... Approximatif, mais déjà brûlant d'émotions... Cette imperfection profonde, c'est ce qui fait son charme fébrile aussi, à la Hüsker Dü, malgré quelques trucs affreux exprès, trahissant le côté toujours bien punk encore. Des trucs voulus badass qui ratent leur objectif ("Son of the South"), des coquetteries comme de la jangle tardive ("In my Town"), des trucs un peu étranges qui font plus mouche ("Big Top Halloween" ou le Smiths-Primus (?!) de "Sammy")... un final plus blues, plus ambiancé et hanté... des idées pas toujours transformées, mais, hey : y a du sang et du feu dans cette rouille. Une belle flamboyance déjà que celle de ces Whigs dans leur jeune vingtaine, malgré la production fauchée de Jack Endino, pas à la hauteur des compos qui sont pas à la hauteur des aspirations artistiques mégalo-homme à femmes du Greg boy... Merde, ils se prennent même pour les Who ("Amphetamines and Coffee"), quels bande de petits cons vraiment ! Mais Zguègue Dulli commence déjà à calmer ses ardeurs quand il le faut, à voir ce que ça fait une ballade, un slow : "I Know Your Little Secret", peut-être le premier grand morceau du Dulli à venir, déjà celui des Twilight Singers... Afghan Whigs sont moins crasseux que sur Big Top Halloween, mais encore bien bruts de décoffrage, avec quelques relents hardcore voire post-hardcore même par endroits, et bien grimaçants aussi - le livret présente du reste un Greg Dulli dont le rictus me rappelle Jaz Coleman... et ce Greg, qui plus tard sera loin de faire l'unanimité, exprime ici sa fougue sans filets, au risque de vriller dans le cartoonesque. Mais ici lui comme le groupe se jettent un peu dans l'inconnu, dans cet album à la fois hybride et très roots qu'on rangera dans le grunge car ce que nos Afghans de Cincinatti avaient en commun avec ceux de Seattle était de refaire des années 70 avec ce qui a été apporté par les années 80 de R.E.M., Black Fag, Hü-Dü, Wipers, Dino Jr. et j'en passe. Et puis faut quand même relever qu'à l'époque, Afghan Whigs faisaient des trucs ressemblant à un mélange de Nirvana et Motörhead ("Hey Cuz"). Alors ouais : on sent que les mecs ne savent pas très bien ce qu'ils veulent jouer, qu'ils n'ont pas vraiment de vision nette, de plan carré... mais ils foncent tête baissée et fougue au vent dans leur musique, ce qui donne une sensation de bouillie brouillon sur quelques titres et se révèle gagnant sur d'autres, sorte de contorsions électrico-émotionnelles dont s'extirpe une forme déjà très singulière d'expression, propre à ce groupe et aucun autre. Fébrile ? Maladroit ? Oui. Mais Vivant, à trois-cent pour cent, déjà chaud bouillant. Up in it, and up for it.

Bon
      
Publiée le jeudi 24 avril 2025

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    Raven Envoyez un message privé àRaven
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    Concernant la soul, je n'ai pas mis l'étiquette (et pas non plus sur le suivant du reste...) pas juste parce qu'en effet y en a pas au sens strict motown-machin, avec des arrangements et tout, mais parce qu'elle n'est pas encore affirmée... ceci étant posé : assurément Dulli ne fait pas que beugler ici et bâtit déjà son personnage avec des passages très soulful. Il y a déjà sans trop pousser mémé, du Dulli d'après dans ce Dulli "mudhoneyisé"...même si c'est étouffé par la rouille et le matos en bordel. Alors forcément, c'est plus facile à trouver maintenant, une fois qu'on connaît l'évolution du groupe. Mais l'évolution vers ça est déjà en cours, timidement mais sûrement, je trouve que quand tu écoutes les albums dans l'ordre ça se fait naturellement, les plus récents d'après reformation font même quelques échos parfois, à cette jeunesse.

    "Mélodistes qui prennent aux tripes et les retournent" : on est bien d'accord, là-dessus.

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    Gouzi Envoyez un message privé àGouzi

    Un premier album non sans lien avec le grunge, plus approximatif et brouillon que les 2 suivants, l"un des 2 figurant dans mon top 3 des années 90, peut-être même en 1 et le suivant sans doute dans mon topo 10.

    Mais on sent déjà poindre leur talent de mélodistes géniaux (sur le 1er morceau), avec ce don imparable ( et unique en ce qui me concerne) de prendre aux tripes, de vous les arracher et de vous les retourner.

    Par contre, "transcendance" plutôt qu'"auto-apitoiement", j'sais pas trop. Disons qu'on est dans la révolte, cette envie d'en découdre et de dépasser la souffrance à la recherche éventuelle d' un bouc émissaire mais sans être sûr d'en trouver un ( honnêteté oblige).

    Et puis la soul est elle où sur cet album ??? On le sait que Greg Dulli était fan du genre, en témoigne leur meilleur morceau ( pas sur cet album) , reprise d'un morceau de soul. Mais perso, je n'aurais jamais fait le rapprochement entre leur style et la soul. Après, je n'y connais pas grand chose en soul.

    Bon, leur album le plus heavy, c'est clair. Grunge déviant, avec le coté plaintif bien entendu, enragé, mais aussi le coté noise cradingue des guitares.

    Merci en tous cas Raven pour cette piqûre de rappel.

    Et on ne va pas y aller par 4 chemins, Afghan Whigs, mon groupe préféré de cette époque, avec les 1ers Therapy ( non sans liens) et Franch & Walters ( non sans lien avec Therapy, origines obligent)

    Message édité le 25-04-2025 à 19:43 par gouzi

    torquemada Envoyez un message privé àtorquemada
    avatar

    La soul classe c’est sympa deux minutes mais le bon gros rock garage bien crade, ça fait quand même du bien !

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