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Grant Lee Buffalo › Mighty Joe Moon
- 1994 • Slash Records 9 45714-2 • 1 CD
cd • 13 titres • 48:31 min
- 1Lone Star Song
- 2Mockingbirds
- 3It's the Life
- 4Sing Along
- 5Mighty Joe Moon
- 6Demon Called Deception
- 7Lady Godiva and Me
- 8Drag
- 9Last Days of Tecumseh
- 10Happiness
- 11Honey Don't Think
- 12Side by Side
- 13Rock of Ages
informations
line up
Grant Lee Phillips (chant, guitares, banjo, mandoline, harmonica), Paul Kimble (basse, piano, orgue, orgue électrique, voix), Joey Peters (batterie, percussions)
Musiciens additionnels : Greg Adamson (violoncelle), Greg Leisz (pedal steel)
chronique
J'ai pas découvert beaucoup de chansons qui m'ont bouleversé avec les séries, à travers tous ces épisodes chronophages de toutes ces histoires à rallonge qui nous saturent l'espace temporel, pourtant toutes plus gavées de morceaux qui claquent les unes que les autres - souvent des choix paresseux entre nous, grossièrement employées à des fins de ponctuation-moment émotion ou cliffhanger... mais parfois ça marche, et ça fait de mal à personne de le dire. Donc : le plus beau souvenir que j'ai d'une découverte de chanson grâce à une série, à un niveau de rencontre mystique ou quasi, reste sans conteste Grant Lee Buffalo. Oui, ce chanteur/groupe dont nous avait déjà parlé le père Sheer-Khan pour l'album précédent ; si j'avais bien lu Guts of Darkness, aussi, et suivi les bons conseils sous ce beau visage à l'étrange sérénité du Fuzzy, mais cancre un jour... Alors, Grant Lee Buffalo est venu à moi. À travers une bien bourrine série de flics pourris, la beauté de cette chanson n'en était que plus puissante dans sa révélation à mon petit être sensible, par contraste avec le vice et les burnes, la laideur des poings et des dents serrés... C'est donc grâce à Vic Mackey, pardon à The Shield, que j'ai découvert la voix du grand Grant. "Demon Called Deception" est, il faut le dire, une chanson d'une beauté terrassante, portée par une sorte de feu existentiel, qui jaillit d'elle. Une puissance émotionnelle trop rare, très pure... Et ce n'est que des années plus tard que je me suis intéressé à l'album qui existe autour. Un album dont les autres chansons n'ont de loin pas à rougir, elles qui sont plutôt jaunies comme des vieilles photos, mais en même temps limpides comme un moment présent à chérir... En fait, les séries et les films ont de quoi piocher allègrement dans tout ce disque, à l'aise ! Qu'ils se servent donc de cette "Happiness", qui pourrait durer une éternité... Quand beaucoup d'entre nous ont un Grace du fils Buckley, quelques-uns ont leur Mighty Joe Moon ou leur Fuzzy... Mais en vérité, je vous le dis : on a tous quelque chose en nous de Grant-Lee.
Qu'il soit étiquettable folk'n'rock, alternatif soft, countrindie, amer-icana, qu'il s'écoute comme du Mark Lanegan ou du R.E.M., du Neil Young ou du... Grant Lee Buffalo ? - il est une évidence, dans ses trémolos pastoraux, dans sa voix de barde-paysan des Limbes, et porte ce disque assez unique et très émouvant, à l'emballage bricolé mi-cul-terreux mi-MacGyver pas vraiment de première fraîcheur, il est vrai... Un album avec une poule, tiens donc : ça me rappelle le premier disque de Sixteen Horsepower qui sortira trois ans plus tard, pas vous ? Un hommage peut-être ? Sackcloth 'n' Ashes n'en sera d'ailleurs pas si éloigné, de cet album ! La voix de Grant-Lee Philips étant peut-être moins marquée, pour ne pas dire moins usante sur le long terme - et c'est d'ailleurs sa force : elle est belle encore plus naturellement, surtout quand elle se laisse traîner, "à la grunge" (un ressenti et une ambiance, un feeling plus qu'une case, hein). Et elle touche toujours, même quand elle prend des échos plus dylaniens (comme sur le final) car elle réussit à le faire sans être vilaine ou irritante. Cette belle voix a ce cachet tellement américain versant damnation, rêves brisés et dernière chance, âmes en peines cherchant la rédemption, en errance, comme ce final slow-blues d'une "Side by Side", à s'endormir en comptant les vautours... Une ribambelle de clichés dans lesquels jamais elle ne se vautre, toujours gracieuse, souvent magique. Et la musique qui l'accompagne est un peu l'idéale, si pas la seule, qu'on imagine pour elle. Que ce soit à travers une "Mockingbirds" aux accents plus folk de chambre, ou mieux les intonations presque gothiques d'une "Lady Godiva and Me", voire la magnifique "Sing Along" et ses accents très Pixies en plus hanté (oui), quelques échos des années Shiva Burlesque peut-être... Puis encore ce morceau éponyme à la beauté franche, limpide, ou cette "It's the Life" d'une simplicité à couper le souffle, démontrant que ce méconnu Grant Lee Buffalo pouvait aussi rivaliser avec Townes Van Zandt, ce qui n'est pas donné à tout le monde, faire de la folk aussi forte et qui cause vrai, pas qui chantonne et gratouille bêtement son vague-à-l'âme... C'est parce que ce Grant-Lee n'est pas un petit poseur superficiel, mais un musicien habité, voilà tout, et que ceux qui l'accompagnent sont à l'unisson dans sa vision. Une sincérité brûlante suinte de cette musique... Il faut la recueillir, la chérir - car elle est puissante oui, mais elle est fragile... C'est ce qu'on appelle l'âme.
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