Hawkwind › Love in space

Dans les années 90, Hawkwind est définitivement tourné vers la scène. Malgré des albums studios inégaux, le groupe excelle toujours sur scène où il déploie son énergie et ses ambiances space-rock avec brio. Seulement deux ans séparent ce "Love in space" de son prédécesseur, "The business trip - live", et seulement un nouvel album studio est sorti entre temps, le plutôt bon "Alien 4". On sent que les moyens techniques se sont améliorés ces dernières années et permettent de produire et de sortir facilement des albums enregistrés en concert. Ce "Love in space", double qui plus est, propose un concert de la tournée du dernier album en date et montre un groupe en mode quatuor avec l'arrivée de Ron Tree au chant depuis le précédent album live. Le résultat est loin d'être décevant avec une performance puissante et juste. On sent que le groupe maîtrise les nouvelles technologies des années 90 et a bien su, sur scène en tout cas, apprivoiser les changements de son, apporté par le modernisme et la froideur synthétiques des années 90. Et même si je ne suis pas super friand de leur évolution durant cette décennie sur album - "Alien 4" propose tout de même d'excellents moments - il en est tout autre sur scène. C'en est même impressionnant de suivre l'évolution du groupe sur près de trois décennies dédiées au space rock. Je trouve d'ailleurs que c'est sur ce "Love in space" qu'on remarque le plus la maîtrise totale de cette ambiance de science-fiction futuriste. Là où les envolées de "Space ritual" en 1973 illustraient un voyage interstellaire halluciné sous fond de LSD, on se retrouve ici en plein voyage spatial à bord d'un vaisseau high-tech froid, informatique et mécanique. Jamais le groupe n'avait sonné à la fois aussi froid et énergique, limite agressif, entre new wave surboostée et hard rock clinique, mélangeant à merveille les atmosphères d'"Electric tepee" et d'"Alien 4" (heureusement, les sonorités technoïdes d'"It is the business of the future to be Dangerous" ne sont pas présentes ici !). Les titres du dernier album en date passent d'ailleurs particulièrement bien le passage sur scène avec de véritables brûlots énergiques comme "Sputnik Stan", bien rallongé pour l'occasion, "Xenomorph" ou l'énorme "Alien". Le groupe propose aussi de nombreux intermèdes instrumentaux aux claviers apportant une atmosphère de science-fiction et permettant à des danseuses et cracheuses de feu de performer sur scène (ce que l'on ne voit bien évidemment pas, sauf sur la version vidéo de ce concert !). Niveau vieilleries, le groupe nous a ressorti leur hit "Silver machine", seul véritable rescapé du début des années 70 ici, parce que pour le reste, on sent que Dave Brock est tourné vers l'avenir (le futur !) avec une set-list focalisée sur "Alien 4". Ce "Love in space" est un nouvel album très sympa, le meilleur depuis "Live chronicles", et nous montre un groupe qui continue sans relâche à aller de l'avant et à proposer de nouvelles sonorités space-rock.