Brad › In the Moment That You're Born

Mon Dieu, ce premier morceau est incroyable. Ça c'est de la sortie posthume qui a de la gueule, mes aïeux. Comme une version shoegrunge adulte du plus beau de Pearl Jam, portée par un Gossard liquide et par la voix plus profonde que jamais du regretté Shawn Smith - et le plus bel hommage qu'on puisse lui faire, au gros grungeux à chapeau parti quatre ans plus tôt, c'est sûrement ce morceau. Écouter ce morceau. Dériver sur ce son. Fantastique introduction, contraste terrifiant avec la suite de l'album... Cette "In the Moment that You're Born", j'ai l'impression de l'avoir toujours connue. Comme j'ai l'impression d'avoir toujours croisé ces vagues de la pochette, depuis Ride, depuis Isis... Est-ce que j'ai toujours connu Brad ? Non, mais je les ai vus en coin sur Guts of Darkness, pendant vingt ans, comme Satchel, j'y ai trempé le doigt de pied d'une oreille... Je sais qu'ils ont autant de bonne joues et de regard aussi bon que Brad Pitt, au fond. Un Brad, ça reste un Brad. Et cette ouverture d'une beauté pas possible, c'est un truc qui donne envie de dire "OK Boomer", avant de se rendre compte qu'on devient un vieux aussi, et que cette musique c'est un doudou... Un gros doudou organique, hanté, qu'on ne veut pas lâcher. Hélas les bons moments ont tous une fin. Et donc après cette mise en bouche sublime (trois boules juste pour elle), Brad hélas se casse la binette. Son album se délite, se désagrège très rapidement, un peu comme la moitié des personnages à la fin d'Infinity War. Du Jane's Addiction en plus stoner, du grunge énergique et hippie, avec sa psyché "Pieces of Sky in my Hand", et puis... pas grand chose... et même, rien... "Straight to the Hoop" commence comme un truc de Shellac sur At Action Park... et mue en Coldplay. Moche, ouais. Qu'on me bazarde ça par-dessus bord, comme la vioque à la fin de Titanic, avec son gros caillou en toc (SPOILER). L'album se perd à ce stade, la plus punk "Stars 'n You" ne sauve rien. "Meadow in Autumn" a bien une ambiance un peu Tindersticks, sauf que l'émotion de petit bonhomme sensible ricain à la Michael Stipe version peigne-cul aide pas, et le côté crâneur non plus... et puis après trop de sensibilité alternative-indie, éthérée-des-fesses, ou de rock cool-décontracté-you know what I'm sayin', qui ferait mieux de faire de la variété assumée, tant ça manque de profondeur, entre du feeling TV on the Radio version dilué, et du Pearl Jam pétomane ("I'm diggin' you"), malgré un final mignon, malgré un petit truc à la Beck dans "Without Guns", qui pourra servira de générique de série... y a trop de séries, trop de Netflix... trop de disques de série, pas assez d'œuvres qu'on fixe... ceci me déçoit, Brad... je redeviens désagréable, ça y est, mieux vaut arrêter ici je pense.