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XTC › English Settlement

lp vinyle • 15 titres • 72:22 min

  • LP 1 face A
  • 1Runaways 4:51
  • 2Ball And Chain 4:28
  • 3Senses Working Overtime 4:45
  • 4Jason And The Argonauts 6:03
  • LP 1 face B
  • 5No Thugs In Our House 5:16
  • 6Yacht Dance 3:52
  • 7All Of A Sudden (It's Too Late) 5:18
  • LP 2 Face C
  • 8Melt The Guns 6:31
  • 9Leisure 5:01
  • 10It's Nearly Africa 3:54
  • 11Knuckle Down 4:26
  • LP 2 Face D
  • 12Fly On The Wall 3:11
  • 13Down In The Cockpit 5:35
  • 14English Roundabout 3:50
  • 15Snowman 4:26

informations

Produit par Hugh Padgham - Enregistré aux The Manor Studios (Oxfordshire), Octobre–Novembre 1981.

La pochette représente le "Cheval Blanc de Uffington" (Oxfordshire), un géoglyphe de 110 m datant de l'âge de Bronze (-3000) visible depuis les villages voisins et le ciel. À noter que l'album fut sorti dans de nombreux pays (dont les USA, jusqu'en 84) uniquement sous la forme d'un simple LP, à l'ordre légèrement différent et excluant Yacht Dance, Knuckle Down, Fly on the Wall , et Down in the Cockpit

line up

Colin Moulding (basse fretless, basse Fender, chant lead sur les pistes 1, 2, 12, 14, chœurs, piano, percussions, synthétiseur mini-Korg), Andy Partridge (chant lead sur les titres 3 à 11, 13 et 15, chœurs, guitare électrique, guitare acoustique, guitare semi-acoustique semi-électrique 12-cordes, guitare semi-acoustique semi-électrique, synthés mini-Korg et Prophet V, anklung, saxophone alto, percussions, bruits de grenouille), Dave Gregory (synthétiseurs Prophet V et mini-Korg, guitare électrique 12-cordes, guitare électrique 12-cordes "fuzz-boxed", synthés divers, guitare semi-acoustique semi-électrique 12-cordes , choeurs, percussions, guitare électrique, guitare espagnole aux cordes en nylon, piano), Terry Chambers (batterie, batterie électronique, percussions, chœurs)

chronique

Ce n’est sans doute pas la meilleure analogie pour donner envie aux gutsiens d’écouter English Settlement, mais prenez les Beatles. Les Fab 4 comme on dit, qui niveau directions prises par leur songwriting étaient plutôt 3, ce qui est déjà pas mal. Y’a 3 écoles : les Harrisoniens, contemplatifs et mélancoliques (plus nombreux qu’ils n’en ont l’air), les Lennoniens, qui pullulent depuis « Imagine », et les McCartneïstes, proteiformes et souvent très anglais ou anglophiles. Parmi ceux-là, il y a une branche qui a quasiment évolué à part de son côté, c’est les enfants par parthénogénèse de McCartney II, l’album loufdingue bricolé seul avec des machines en 78. Eh bien le XTC de English Settlement constitue la gloire absolue de cette lignée, à tel titre que l’élève, ici, dans ce style bien spécifique, a dépassé le maître dans tous les aspects. En 82, XTC est un groupe qui carbure à son propre génie avec une énergie maniaque, et qui étale ici ses cartes posément pour la 1ère fois. Ils sont capables de sursauts harmoniques ou post-punk, de chœurs brumeux, de polyrythmies arc-en ciel, et, au détour d’une expérimentation, de nous toucher droit au cœur par une grâce nocturne quasi flamenco-jazz (Yacht Dance). C’est bien sûr ce genre de titres qui vaudra à l’album son aura culte de « White Album du post-punk », et plus généralement de disque « pastoral », sorte de précurseur un chouïa plus ésotérique que le tout aussi acclamé (mais bien moins vendu) Skylarking (1986). La réalité est plus nuancée. Certes English Settlement, en tout cas les chansons de Partridge, a bien été conçu comme un album d’ « installation anglaise », de repli dans la campagne loin des tournées que Partridge voulait arrêter... Mais les autres voulaient continuer. Et ce double LP a encore beaucoup des nerfs et de la sève fulgurante de Black Sea.

Ah, les inépuisables richesses de ce double-cheval... La farandole finale d’English Roundabout-Snowman (Moulding-Partridge), tapissée de guitares qui chantent comme sur du Carimbó brésilien ou du Os Novos Baianos. Enchantement ludique, extases modestes, comme sur l’odyssée Jason & The Argonauts, miracle d’articulation qui se perd dans une sieste psychédélique avant de retomber sur ses sabots, dans un miroitement d’arpèges acid-folk.

Ah l’ivre de joie Knuckle Down, petit miracle concentré d’anti-anxiolitique tapissé de croassements, guitares qui bourgeonnent comme un buisson d’eucalyptus. Bref, une vraie rivière, au flot capricieux, affluent et confluent de multiples cours d’eau appelés The Proclaimers, Athlete, Paul McCartney II ou III… Tant de saveurs que ça semble la B.O. d’un paradis. C’est étrangement l’un de leurs titres les plus ricains… Et l’équivalent d’un match de tennis, avec cette rythmique tout en smashes réguliers. Enchaînement divin avec le Polnareff-meets-Devo Fly On The Wall (Moulding) : c’est trop, trop brillant, trop cubiste, trop téméraire. Et l’expressionisme surdopaminé continue avec Down In The Cockpit, ska magnifique, bâti comme un retable, une fresque pop art. Les Fab Four, dans leur sous-marin jaune, jalousent le cheval creusé dans les pâturages, 1ère sculpture de Land Art de l’histoire et vestige archéologique d’une Angleterre mystique, pré-évangélisation et libre, perdue à jamais… Oui, c’est vrai, English Settlement a de furieux airs de meilleurs albums pop des 80’s. Tiens, All of a Sudden (It's Too Late), c’est vendu avec, il en reste, prenez-en, l’été éclatant de Skylarking, mais encore capté depuis l’intérieur, comme d’une cabane où le soleil percerait en fines lames d’or à travers les lattes en bois. Tiens, l’héroïque et tarabiscotée Melt The Guns (faites fondre les flingues), au texte impitoyable contre les « U.S. Of A. » et leur obsession des armes, faux tube rigolo à la 10cc exotisant, qui aurait été de nature à stresser encore plus Partridge s’ils avaient continué cette fameuse tournée US avortée. L’impertinent s’y attaque même au business des flingues-jouets le temps d’un couplet anticonformiste « Children will want them, mothers supply them / As long as your killers are heroes / And all the media will fiddle while Rome burns / Acting like modern-time Neroes ». En 2 vers, ça va plus loin que « Petit Frère », et le ton alarmiste résonnait étrangement avec la période. Les Fab Four venaient juste de devenir les Fab Three pour de vrai, après l’assassinat de Lennon, horrifiant toute l’Angleterre qui avait compris que le choc des consciences outre-atlantiques ne viendrait juste jamais... Le hippie-isme est poussé un cran plus loin sur Knuckle Down, texte-mélodie plein de malice et d’entrain pour un appel à la fraternité des races, à dépasser les inhibitions avant de clamser. Et que dire cette rime sur Jason & The Argonauts, comparant le voile musulman au maquillage des occidentales, du texte de Leisure, évoquant le chômage-technique dû à l’informatique galopante (« I hide behind a screen of aggression nowadays »...) ?... Partridge nous livre ses pensées, sans filtre, comme il l’a toujours fait, et le côté louvoyant et retors de sa musique ne doit pas faire l’oublier. Un album de contradictions fécondes, à danser ou à écouter au casque, mais je vous conseille les deux pour en percevoir les multiples facettes.

Chef-d'oeuvre
      
Publiée le mardi 22 avril 2025

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Lord Tom Envoyez un message privé àLord Tom

Peut être l'album le plus précis dans leur espièglerie. C'est vrai que les Cardiacs (ou inversement) sur Melt the guns ou Rocket from the bottle de Black Sea... J'aime bien quand ils poussent le curseur au max XTC

dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
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J'ai même pas évoqué les Cardiacs ?? Pff, trop de choses à dire, c'est vraiment très dense, même pour un double album... En même temps c'est le genre de disque qui donne envie de reprendre des tonnes d'anciennes chros et de faire des recommandations dans l'autre sens. Clairement, il est moins attachant, moins évident, moins goutû sans doute que Skylarking et Black Sea, par exemple. Y'a un coté sec et éprouvant dans le son, la prod (Hugh Padham c'est un peu Mr Genesis & Phil Collins solo dans les années suivantes), mais ça va bien avec les instruments sans effets, les claviers beaucoup plus discrets, le côté relativement dépouillé. Apparemment Partridge a eu l'impulsion d'écrire des chansons plus complexes et moins exaltées pour que ça donne envie au 3 autres de faire moins de tournées haha (il était désespéré le pauvre)... Au final si on lit les paroles c'est quand même un album assez sombre, il est beaucoup question de violence (le 1er titre parle quand même de violence domestique d'emblée), de tout ce qui déconne dans le monde - Moulding et Partridge sont anti-modernité en fait ! - et je pense que "Senses Working Overtime" est la clé de voûte : malgré tout ça, Partridge est content d'être une éponge à sensations... C'est marrant que vous parliez de "travail cognitif" : j'ai lu que Partridge avait dit (bien + tard je crois) qu'il pense qu'il est sur le spectre autistique mais qu'il s'en accommodait car ça l'avait aidé à créer. En tout cas "Senses..." est vraiment un manifeste neuroatypique je pense, une façon de dire "hey tu vas t'en prendre plein la gueule, mais ça vaut la peine" (ce que dit "Runaway" aussi, donc). C'est peut etre un album un poil moins génial que Black Sea mais son côté un peu mystérieux et tordu et l'histoire qu'il raconte sont plus profondes. Pour moi c'est là que XTC passe de eXCités à eXTacY (pff le mec qui s'auto-double chro dans les comms)

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zugal21 Envoyez un message privé àzugal21
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Oui . Du coup, le travail cognitif est intense, car l'oeuvre dure un bon moment. Il lui faut comme un sacerdoce parfois.

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Mais en fait, je crois que depuis que j'ai percuté ça - le côté construit serré/solide/compliqué - je n'ai plus vraiment écouté ce groupe de façon "non-concentrée"...

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Oui, je suis assez d'accord avec ça ! C'est trompeusement luxueux, au premier abord, on croit qu'on va s'installer confortablement, on prête un peu plus ou mieux l'oreille et BIM ! "Wow, mais c'est mastoc, ce truc, en fait ?!"