Beetlebum, je le redis, est une Lennonade d’une agilité dont rêvent Oasis, lignée Rain et She Said She Said. Noblesse oblige. Une chanson adolescente qui se donne des airs mais ne triche pas, qui vise l’infini (... et parle à l'au-delà) par la grâce d’un pont aérien qui évite la boucle, façon « Dear Prudence », avec bruits parasites et ce crescendo opiacé...

Elle ici présentée en 2 versions, ce qui évite d’user de la touche Repeat, puisque le « remix » de Mario Caldato Jr. (artificier chez les Beastie Boys à la base) n’en change guère que le fond de vinaigrette... Un peu plus d’effets par-ci, un peu moins de prod par là, une batterie plus franche, un son presque évocateur de la scène Shimokita-kei de Tokyo (Pillows, Number Girl, Shiina Ringo), bref, c’est de toutes façon un classique majeur des 90’s, et si vous n’êtes pas d’accord, bah passez votre chemin car les faces-B ne réinventent pas la poudre.

Toutes inédites, elles vont logiquement triturer encore un peu plus du côté cradingue et abscons de la force, avec samples déterrés et non-mélodie à la Beck sur Dancehall (y’a même l’harmonica grinçant). Encore une fois, c’est une route que prendra le 1er Gorillaz avec 1000 fois plus de travail et de talent. Exit donc le charme vocal vénéneux-slacker de Albarn, sauf sur All Your Life, qui semble presque le morceau trop-Parklife que Blur a retiré de l’album, encore trop britpop ! Avec son accent étrange, Damon Albarn semble presque mâchonner un genre de français, même si bien vite, le piano aidant, on se croirait surtout chez Bowie et Ronson période Hunky Dory. « Oh england, my love, you lost me, made me look a fool »... « you’ve tattoed all your past over me »... On dirait bien que c’est ici que les comptes se règlent entre Albarn et la figure « cool » et médiatique que la presse espérait en faire...